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FO: les comptes et les notes de frais, nouveau sujet de tensions internes

Après le scandale du fichier controversé sur ses cadres et à dix jours de l'élection d'un nouveau secrétaire général, Force ouvrière était traversée lundi par un autre sujet de tensions dans un climat délétère: ses comptes financiers et les notes de frais de ses dirigeants.

En 2017, les 13 dirigeants du troisième syndicat français avait présenté 388.683 euros de note de frais (hôtels, loyers, trains...), assure lundi Le Parisien, qui donne aussi les détails sur la rémunération des deux anciens dirigeants de FO, Pascal Pavageau et Jean-Claude Mailly.

M. Pavageau, qui a démissionné du poste de secrétaire général mi-octobre après la révélation de l'existence d'un fichier sur les cadres du syndicat, a présenté des notes de frais pour un montant total de 50.836,05 euros, contre près de 50.000 euros en 2016. Les frais de son prédecesseur, M. Mailly, se sont montés à 34.000 euros, contre 32.000 en 2016.

L'information a été vivement contestée dans l'après-midi par le bureau de la confédération, constitué d'une partie des dirigeants cités par Le Parisien. Dans un communiqué, ils dénoncent "un amalgame", une "campagne de dénigrement" et une "calomnie diffamatoire". Le bureau "s'étonne" également que "de telles informations, détaillées, bien qu'erronées ou (...) prêtant à confusion, et manifestement contenant des données personnelles, soient ainsi publiquement à nouveau diffusées".

La confédération est traversée par une crise depuis un mois, après la révélation de la constitution d'un fichier interne sur ses cadres qui a poussé Pascal Pavageau à démissionner.

Ce scandale a remis au goût du jour les divisions au sein de ce syndicat, composé d'une base hétéroclite d'adhérents (trotskistes, anarchistes, "réformistes", politiquement de gauche, de droite voire d'extrême droite ou sans étiquette). Signe de vives tensions internes, trois candidats se sont présentés au poste de secrétaire général, une première pour ce syndicat septuagénaire.

Réagissant aux informations du Parisien, M. Mailly a parlé lundi soir sur RTL de "diffamation", de "campagne de dénigrement" et d'une "réelle volonté de nuire", laissant entendre qu'elle viendrait de l'intérieur.

- "Déballage" -

L'un des candidats, Patrice Clos, a aussi réagi dès lundi, réclamant que soit remis "de l'ordre dans les finances" de son syndicat. Le numéro un de la fédération des Transports, qui réclame depuis quelques semaines un audit financier de la confédération, a critiqué le salaire de Jean-Claude Mailly, à la tête de FO de 2004 à 2018, qui aurait touché en 2017 une rémunération annuelle brute de 100.334 euros.

"Après ça, comment voulez-vous défendre un salarié qui touche le smic?", a-t-il réagi. De son côté, M. Mailly a démenti ces montants et assuré qu'il touchait "dans la dernière période" de son mandat 5.200 euros net par mois.

Ces informations interviennent quelques jours après la publication au Journal officiel des comptes de la confédération. Elle a enregistré un déficit de 632.182 euros, pour un budget de 32 millions, après un excédent de 1,1 million en 2016. Les cotisations représentent un tiers du budget, autour de 8,8 millions d'euros, le reste provenant principalement de subventions.

"Il n'y a pas de danger financier sur Force ouvrière!", a encore défendu M. Mailly.

Interrogée sur Public Sénat lundi, Muriel Pénicaud a souligné qu'une organisation syndicale "se doit d'être transparente, équitable". "S'il y a des dérives, il faudra qu'elles soient corrigées", a ajouté la ministre du Travail, tout en insistant sur le fait qu'il était "important de ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain et confondre tout le mouvement syndical avec quelques dérives, éventuelles".

De son côté Laurent Berger, le numéro un de la CFDT, a souligné que "pour le syndicalisme c'est jamais bon qu'une organisation syndicale s'enfonce dans la crise avec un déballage comme celui auquel on assiste aujourd'hui".

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