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François Ozon s'inspire de l'affaire Preynat pour son prochain film

Le réalisateur François Ozon s'est inspiré de l'affaire Preynat, ce prêtre lyonnais accusé d'abus sexuels sur des scouts dans les années 1980-1990, pour son prochain film, qui doit sortir en février, indique jeudi le quotidien Le Progrès.

Intitulée "Grâce à Dieu", cette fiction, tournée pour les extérieurs à Lyon, évoque la naissance de l'association des victimes du père Preynat, "La Parole Libérée", dont l'un des fondateurs, Alexandre Hesez-Dussot, est incarné à l'écran par l'acteur Melvil Poupaud.

"Après des films sur des personnages de femmes fortes, j'avais envie de m'intéresser à la fragilité masculine. De parler d'hommes qui ont été blessés, meurtris dans leurs corps", déclare le réalisateur, "tombé par hasard" sur le site de La Parole Libérée.

"Le film est un portrait de ces hommes abusés, comment ils ont vécu leur traumatisme, comment ils ont libéré leur parole et quelles ont été les répercussions familiales et sociales", ajoute-t-il.

Se défendant de faire un film à charge contre l'Eglise, François Ozon préfère dire qu"il pose beaucoup de questions" en abordant "le silence de l'Eglise sur la pédophilie" et en suivant "le combat" des victimes qu'il a rencontrées avec leur entourage, "avec leurs points de vue différents sur l'affaire".

"Dans la préparation, le sujet faisait très peur. Beaucoup de gens ne voulaient pas y être associés", relève le réalisateur qui a tourné les scènes dans les églises "en Belgique et au Luxembourg".

François Ozon n'a pas jugé nécessaire de rencontrer le père Preynat, 72 ans, ou le cardinal Philippe Barbarin, également interprétés à l'écran, dans la mesure où son film est une "fiction".

"Je ne pense qu'ils auraient accepté de toute façon et je ne voulais pas que l'Eglise empêche le film d'exister", ajoute-t-il.

Le film, d'une durée de 02H18, devrait sortir le 20 février 2019.

Le père Preynat a été mis en examen en janvier 2016 et placé sous contrôle judiciaire pour des agressions sexuelles remontant jusqu'à 1986. Plus de 70 victimes présumées ont été recensées par "La Parole Libérée", pour lesquelles les faits sont prescrits dans la majorité des cas.

L'instruction judicaire est toujours en cours dans ce dossier. Le père Preynat est parallèlement l'objet d'un procès canonique, qui doit reprendre sous une forme "judiciaire", après un an de suspension afin d'ouvrir la voie à des "réparations".

dfa/nd/cca

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