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Froid, pluie, mais affluence record de "gilets jaunes" à Valence

Ils n'ont pas été épargnés par les bourrasques et la pluie glaciale, mais les "gilets jaunes" ont bravé les éléments samedi pour une "marche régionale" réussie et globalement apaisée à Valence (Drôme).

Au total, la préfecture a compté 5.400 marcheurs venus de tout le sud-est de la France. Un chiffre jamais atteint dans cette ville de 62.000 habitants qui avait accueilli 3.500 "gilets jaunes" au plus fort de la mobilisation locale le 5 janvier dernier.

Des manifestants notamment venus de Lyon, de Saint-Etienne, d'Ardèche, de Grenoble, de Marseille ou de Corse ont formé un épais cortège qui s'est ébranlé vers 13H30 au sud du centre-ville, sous les parapluies et dans une ambiance bon enfant entre chants, pétards et coups de sifflets ou cornes de brume.

"Je suis toujours là, toujours présent, toujours motivé, déterminé, le mouvement se régionalise, nous avons de plus en plus de gens dans la rue", se félicitait le valentinois Sébastien Lécuyer, employé à la SNCF et "gilet jaune" de la première heure.

En début d'après midi, l'atmosphère s'est brièvement tendue lorsque les manifestants ont bifurqué vers la préfecture, contrevenant à l'itinéraire prévu.

S'en est suivi un face à face tendu où les forces de l'ordre ont répliqué à des jets de pierres par des grenades lacrymogènes. Mais la situation s'est vite apaisée quand les "gilets jaunes" ont repris leur marche à rebours.

Redoutant la présence de casseurs, la police a mené dans la matinée contrôles et filtrages préventifs qui ont permis un total de 18 interpellations et la saisie d'une centaine "d'armes blanches ou par destination" dont une hache et un sabre, selon la préfecture.

La manifestation a débuté sous forme de pique-nique géant arrosé de vin chaud sur un parking de supermarché près de l'entrée Valence-sud de l'autoroute A7, fermée par les autorités.

Le cortège a ensuite pris la direction d'un hyper-centre aux airs de ville fantôme, quasiment vidé de ses habitants et véhicules, alors que les commerces demeuraient fermés depuis le matin avec de nombreuses vitrines protégées par des panneaux de bois.

- "300 casseurs repérés" -

Parmi les organisateurs de la marche, Michael Bridon, manutentionnaire intérimaire de 44 ans, exprimait sa frustration face à un gouvernement accusé de rester "sourd" à la misère sociale.

"Ça fait bientôt trois mois qu'on est dans la rue et monsieur Macron n'a plus de solution à l'urgence sociale. On ne veut plus des paroles, on veut des actes. Il faut que les politiciens viennent nous voir", a-t-il exhorté.

"Ça va très très mal, surtout en province. Les gens des grandes villes ne se rendent pas forcément compte. C'est devenu vraiment explosif", abondait Thierry, maraîcher de Romans-sur-Isère.

"Les impôts augmentent et les services publics disparaissent", a-t-il fustigé, qualifiant le grand débat national d'"opération de communication" de "gens qui ont déjà les réponses".

"C'est grave parce que ça encourage les extrémistes de tous les camps", a-t-il encore assuré. "Ça énerve les gens de voir que (Macron) se moque du monde", confirmait à ses côtés Josette, retraitée de 72 ans.

Derrière cette dernière, déambulait un "guignol" géant promettant de "dégager Macron" avec sa large matraque de papier mâché.

Malmenés toute la journée par des averses soutenues et un vent mordant, les manifestants ne se sont pas attardés dans le centre ville valentinois. La plupart d'entre eux avaient regagné la gare ou leurs véhicules en milieu d'après-midi.

"C'est la dernière fois que je manifeste sous la pluie", confiait, grelottant, Patrick, "gilet jaune" grenoblois de 32 ans.

Dans un premier bilan dressé en début de soirée, le maire LR de Valence Nicolas Daragon s'est dit "rassuré" après la marche de samedi, malgré quatre blessés légers à déplorer dans les rangs des forces de l'ordre.

"Ceux qui étaient venus en découdre n'ont pas eu de marge de manoeuvre" pour semer le trouble, a-t-il affirmé à l'AFP, précisant que "300 casseurs avaient pourtant été repérés" par les forces de l'ordre.

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