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Front National: la justice tranche en appel sur l'exclusion de Jean-Marie Le Pen

La justice se prononce à nouveau vendredi sur l'exclusion de Jean-Marie Le Pen du Front National, une affaire ayant opposé l'ancien président à sa fille Marine, au moment où le parti d'extrême droite tente d'amorcer une "refondation".

La cour d'appel de Versailles doit sanctionner un long contentieux entre l'actuelle direction du FN et le cofondateur du parti en 1972, un mois avant le congrès censé réformer la formation après l'échec de Marine Le Pen au second tour de la présidentielle.

Le dossier remonte à août 2015. Après une nouvelle salve de provocations - propos réitérés sur les chambres à gaz "détail" de l'Histoire, qui lui ont valu d'être condamné par la justice, défense du maréchal Pétain - le bureau exécutif du FN exclut Jean-Marie Le Pen.

Cette exclusion sanctionnait des déclarations jugées pénalisantes pour la stratégie de "dédiabolisation" menée par Marine Le Pen depuis son arrivée à la tête du parti en 2011 à la suite de son père avec lequel elle est désormais brouillée. Cette stratégie a payé: le parti a été en progression constante à chaque élection.

Apprenant son exclusion, celui qui est surnommé le "menhir" parle d'une "félonie" et lance l'offensive judiciaire: à trois reprises en 2015, la justice lui donne raison en annulant sa suspension puis en invalidant par deux fois une procédure censée supprimer son poste honorifique de président d'honneur, qui lui permet de participer aux réunions du bureau politique.

Sur l'exclusion même, le tribunal de grande instance de Nanterre rend en novembre 2016 un jugement contrasté. Il intime au FN de conserver M. Le Pen comme président d'honneur, tout en confirmant son exclusion en tant que membre.

Une décision "aberrante" pour Marine Le Pen: le FN fait appel, amenant le dossier à la cour d'appel de Versailles.

- "Pas beaucoup de craintes" -

A l'audience du 11 décembre, l'avocat du FN Me Georges Sauveur avait, comme en première instance, qualifié M. Le Pen de "détail de l'histoire du FN" et estimé que, dépourvu de "tribune" politique, ce dernier cherchait à "trouver une tribune judiciaire".

"Le FN est devenu un parti voyou", avait répliqué l'avocat de M. Le Pen, Me Frédéric Joachim, parlant d'une "exécution" et d'un "assassinat politique" qui devaient selon lui être invalidés par la justice. M. Le Pen avait assisté à l'audience, au premier rang.

Jean-Marie Le Pen, 89 ans, "n'a pas beaucoup de craintes" concernant l'arrêt de la cour d'appel, assure à l'AFP Lorrain de Saint Affrique, son conseiller. Cette décision, mais aussi la réaction du Front National, détermineront sa présence ou non au Congrès du parti les 10 et 11 mars à Lille, a-t-il précisé.

A cette occasion, les adhérents s'exprimeront sur la suppression du poste de président d'honneur, une suppression actée par le bureau politique du FN le 23 janvier.

Ce vote, pour lequel Mme Le Pen a souhaité "une belle unanimité", pourrait ainsi rendre rapidement caduque la décision de la justice à Versailles concernant ce poste honorifique.

M. de Saint Affrique espère pourtant que M. Le Pen pourra faire un discours en ouverture du congrès de Lille et va jusqu'à suggérer que "la force publique peut être sollicitée pour appuyer [la] décision de justice".

Le porte-parole du FN, Sébastien Chenu, s'est refusé à tout commentaire sur le sujet.

Avant l'échéance de vendredi, un autre rendez-vous judiciaire attend M. Le Pen mercredi: il est jugé à Paris pour provocation à la haine ou à la violence envers les homosexuels, ainsi que pour injure publique, après des propos tenus en 2016 et 2017. Mais le procès devrait être reporté à une date ultérieure.

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