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Gilets jaunes à Paris: 179 interpellations dont un représentant important, mobilisation "faiblarde"

Pour son "acte VI" à trois jours de Noël, la mobilisation des "gilets jaunes" a fortement baissé samedi, de près de moitié par rapport à la semaine précédente, avec près de 40.000 participants dans divers défilés, barrages routiers et blocages aux frontières.

En ce sixième samedi consécutif de mobilisation, de multiples rassemblements dans un climat plus ou moins tendu ont rassemblé 38.600 personnes en France à 18H00, contre 66.000 samedi dernier à la même heure, selon le ministère de l'Intérieur.

S'ils ont parfois donné lieu à des heurts, aucun incident grave n'était recensé en début de soirée. Au total 220 manifestants ont été interpellés dans le pays, et 81 placés en garde à vue, indiquait en début de soirée la police.

Dans la nuit de vendredi à samedi, une dixième personne était décédée en marge du mouvement: un automobiliste qui a percuté un camion bloqué à un barrage filtrant de "gilets jaunes", à l'entrée d'autoroute de Perpignan-sud.

A Paris, la police a évacué en début de soirée les Champs-Elysées, à nouveau occupés en fin de journée mais sans les scènes de violences observées il y a encore deux semaines. A 18h00 Selon les autorités, la préfecture de Paris dénombrait 2.000 manifestants, contre près de 4.000 à son maximum samedi dernier.

La mobilisation sur l'avenue était "un peu faiblarde" à cause de la proximité des fêtes, y a déclaré à l'AFP José, un contremaître à la retraite de 62 ans mobilisé depuis le lancement du mouvement mi-octobre. Mais "en janvier on repartira comme au début" car "personne n'est convaincu par les mesures de Macron", a-t-il prévenu.


Un des porte-voix des "gilets jaunes" interpellé

En fin de journée dans la capitale, 179 personnes avaient été interpellées et 36 placées en garde à vue, la plupart pour des "attroupements en vue de commettre des violences", selon la préfecture de police.

Parmi les gardés à vue figure un des porte-voix des "gilets jaunes", Eric Drouet, 33 ans, chauffeur routier de Melun (Seine-et-Marne) qui avait contribué à lancer la mobilisation, initialement contre la hausse des carburants. C'est aussi lui qui avait appelé le matin sur Facebook à se rassembler à Montmartre.


"A deux jours de Noël, je trouve que c'est pas mal"

Les manifestants ont ensuite circulé dans la capitale en groupes épars de dizaines de personnes, parfois bloqués par les forces de l'ordre ou repoussés à coups de gaz lacrymogènes.

Sur les Champs-Elysées, des motards de la police ont été brièvement pris à partie par des manifestants, qui ont poussé à terre une de leurs motos et ont jeté des pavés et trottinettes sur les policiers. L'un des policiers a brièvement dégainé son pistolet.

La circulation a été rétablie en début de soirée sur l'avenue, où cafés, restaurants et magasins sont restés ouverts une bonne partie de la journée, sauf quelques boutiques de luxe.

"A deux jours de Noël, je trouve que c'est pas mal" comme mobilisation, a déclaré à l'AFP sur les Champs-Elysées Frédéric, 46 ans, venu de Picardie manifester pour la 3e fois à Paris. "On fait avec nos moyens, c'est dur de faire durer le mouvement car ça tire financièrement".


"Des miettes aux gueux"

Plusieurs blocages aux frontières avec l'Espagne, l'Italie ou l'Allemagne ont été observés.

Des centaines de "gilets jaunes" se sont notamment rassemblés au péage du Boulou près de la frontière espagnole, a constaté l'AFP. "Le roi Macron donne des miettes aux gueux", pouvait-on lire sur leurs banderoles.

Le réseau autoroutier a été quelque peu perturbé tout au long de la journée, avec des entrées, sorties et barrières de péage fermées, notamment sur l'A7. A 19h30, des manifestations étaient encore en cours sur une vingtaine de points, selon le groupe Vinci.

Les "gilets jaunes" ont manifesté dans de nombreuses villes de France et autour, avec des mobilisations assez importantes à Bordeaux et Toulouse, ont constaté des journalistes de l'AFP.

A Bordeaux, la mobilisation a rassemblé 2.600 personnes, selon la préfecture, contre 4.500 samedi dernier. Les forces de l'ordre ont fait usage de canons à eaux et de gaz lacrymogènes tandis que des manifestants lançaient projectiles, pétards et engins d'artifice.

Quelque 2.500 personnes ont manifesté à Toulouse, contre 4.500 samedi dernier, selon la préfecture de Haute-Garonne.

800 personnes se sont rassemblées à Nantes, où plusieurs incidents violents ont eu lieu dont "des tirs de mortiers en direction des forces de l'ordre qui ont fait 5 blessés légers", selon la préfecture de Loire-Atlantique.

Environ mille "gilets jaunes" ont manifesté à Lille, et une centaine de l'autre côté de la frontière belge, à Bruxelles.

Vendredi soir, un pantin à l'effigie du président Emmanuel Macron avait été décapité lors d'une manifestation de "gilets jaunes" à Angoulême, un fait qui a été signalé au parquet d'Angoulême, d'après la préfecture de Charente.

Depuis le pic du 17 novembre avec ses 282.000 manifestants recensés en France, la mobilisation a baissé selon les autorités: 166.000 le 24 novembre, 136.000 les 1er et 8 décembre et 66.000 le 15 décembre.

Vendredi, le Parlement a donné son feu vert à des mesures d'urgence annoncées pour répondre à la mobilisation populaire: défiscalisation des heures supplémentaires, exonération élargie de hausse de CSG pour des retraités et possibilité pour les entreprises de verser une "prime exceptionnelle" de 1.000 euros, exonérée de toutes cotisations sociales et d'impôt sur le revenu, pour leurs salariés rémunérés jusqu'à 3.600 euros.

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