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Pour leur acte 12, les "gilets jaunes" marchent contre les violences policières

En pleine polémique sur les LBD, les "gilets jaunes" défilent samedi à Paris contre les violences policières lors d'un acte 12 marqué par de nouvelles mobilisations à travers la France, notamment à Valence.

En pleine polémique sur les LBD, les "gilets jaunes" défilent samedi contre les violences policières lors d'un acte 12 marqué par de nouvelles mobilisations en France, qui ont notamment commencé à Paris et dans le grand ouest.

Au lendemain de la décision du Conseil d'Etat de maintenir l'usage des lanceurs de balle de défense (LBD) dans les manifestations, une "grande marche des blessés" a démarré aux alentours de midi dans la capitale, deux mois et demi après le début ce mouvement de contestation inédit.

Parties depuis la place Félix Eboué à Paris (XIIe), quelques milliers de personnes se dirigeaient dans le calme vers la place de la République, dans le centre de Paris, derrière une banderole réclamant l'interdiction des grenades et des LBD et un kaléidoscope montrant des visages tuméfiés.

Figure du mouvement et gravement blessé à l'oeil la semaine dernière, Jérôme Rodrigues a été acclamé avant de quitter le cortège sous escorte. "Jérôme courage. Jérôme on t'aime. Jérôme on est avec toi", ont scandé des manifestants.

Dans la foule, certains portent un faux bandage à l'oeil en solidarité avec les blessés tandis que résonnent des appels à poursuivre les forces de l'ordre impliquées dans les violences contre les "gilets jaunes".

"C'est intolérable, inacceptable. Ce sont des blessures qui mutilent, qui détruisent des vies alors que nous ne sommes des pacifistes", a affirmé Antonio, un des organisateurs de la marche et lui-même blessé par une grenade GLI-F4.

Selon le collectif militant "Désarmons-les", 20 personnes ont été gravement blessées à l'oeil -- la plupart éborgnées -- depuis le 17 novembre. La police des polices (IGPN) a été saisie de 116 enquêtes selon une source policière, portant pour dix d'entre elles sur de graves blessures aux yeux.

Saisi en urgence, le Conseil d'Etat a toutefois estimé vendredi que le risque de violences dans les manifestations rendait "nécessaire de permettre aux forces de l'ordre de recourir" aux LBD, une décision jugée "incompréhensible" par des "gilets jaunes".

Le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner a reconnu que cette arme --utilisée plus de 9.200 fois depuis le début de la contestation-- pouvait "blesser" et a promis de sanctionner "les abus" mais il en a défendu l'utilisation "pour faire face aux émeutiers".

"Vivre et non survivre" 


Samedi dernier, selon le ministère de l'Intérieur, 69.000 "gilets jaunes" ont manifesté sur le territoire contre 84.000 le 19 janvier lors de mobilisations parfois émaillées d'incidents, des chiffres que les manifestants estiment sous-évalués.

Ce samedi, les "gilets jaunes" appellent cette fois à se mobiliser en masse à Valence, où le président Emmanuel Macron s'était rendu la semaine dernière pour le grand débat lancé dans l'espoir d'éteindre la crise.

Quelque 10.000 manifestants sont attendus dans la ville où des mesures de sécurité exceptionnelles ont été prises face aux craintes de débordements. L'hyper-centre était placé sous haute sécurité, avec de nombreux points de filtrage, a constaté un journaliste de l'AFP. Selon la préfecture, 14 personnes ont été interpellées avant la manifestation.

Dans la matinée, des marches ont également eu lieu dans le grand ouest, à Caen (2.500 personnes selon les organisateurs), où des "gilets jaunes" arboraient cache-oeil ou bandages et à Rouen et des pancartes appelant Macron à "faire (sa) valise".

A Morlaix, peu avant le début d'une manifestation, Claudie 56 ans, saisonnière au chômage, l'oeil bandé, a confié être là "pour le pouvoir d'achat, une vie meilleure, vivre et non survivre", a-t-elle dit à une journaliste de l'AFP. "On espère revenir sains et saufs avec tous nos membres et nos yeux".

Des rassemblements sont également prévus à Bordeaux et Toulouse, traditionnelles places fortes de la mobilisation. Dans la Ville rose, un premier rassemblement de femmes "gilets jaunes" n'a pas fait recette. "Je peux comprendre, après les violences, que des gens aient envie de se protéger", commente Anna, 23 ans, étudiante en philosophie.

Sur le Vieux Port de Marseille, "un mur de la honte" devait être érigé en souvenir des 14 personnes mortes (11 en France, 3 en Belgique) accidentellement depuis le début du mouvement.

Dans une tribune, une soixantaine d'avocats ont de leur côté dénoncé des "dérives" dans le traitement judiciaire des "gilets jaunes".

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