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Gilles Le Gendre, patron fragilisé des députés LREM, sur le départ

En difficulté après des défections du groupe majoritaire et quelques couacs, le chef de file des députés LREM Gilles Le Gendre rend son tablier: il a annoncé jeudi qu'il quitterait à la rentrée de septembre ses fonctions, qui suscitent déjà des appétits.

Compte tenu du "nouveau chemin" tracé par Emmanuel Macron, "un passage de relais s'impose qui apportera du sang neuf à la tête de notre groupe", écrit le député de Paris aux 280 "marcheurs" dans un courrier consulté l'AFP, dans lequel il précise prendre "en toute liberté" une décision que "nul ne (lui) impose".

Les noms des ex-ministres Christophe Castaner et François de Rugy ont été cités ces derniers temps pour reprendre les rênes.

Le second, qui avait démissionné du gouvernement il y a un an après avoir été mis en cause pour son train de vie supposément fastueux, a officialisé dès jeudi soir sa candidature. Dans un message à ses collègues, que s'est procuré l'AFP, François de Rugy dit vouloir "privilégier le +nous+ au +je+, défendre et valoriser le travail des parlementaires de la majorité" et aussi "préparer les élections de 2022".

M. Le Gendre, ancien journaliste puis entrepreneur, avait succédé en septembre 2018 à Richard Ferrand, devenu président de l'Assemblée, et avait été réélu à la tête du groupe majoritaire dès le premier tour en juillet 2019. Son mandat s'achèvera lors des journées parlementaires LREM des 10 et 11 septembre.

"Ce n'est pas (encore) le moment de parler des candidatures", selon la "marcheuse" Olivia Grégoire, qui salue en Gilles Le Gendre "un capitaine dans la tempête" depuis près de deux ans.

Ce retrait "est une marque de lucidité sur la situation du groupe", a jugé Bruno Questel, parmi les plus remontés en interne. Porte-parole de LREM, Aurore Bergé a évoqué "une décision responsable dans l'intérêt de notre groupe parlementaire".

M. Le Gendre, 62 ans, avait été fragilisé début juin après la fuite dans la presse d'une "note" à Emmanuel Macron sur un remaniement ministériel, dans laquelle il semblait plaider pour un changement de Premier ministre, alors Edouard Philippe, et proposait - ce qu'il dément - un nouveau casting gouvernemental.

Les départs au fil de l'eau d'élus du groupe LREM, jusqu'à la formation en mai d'un 9e groupe politique à l'aile gauche puis d'un 10e à l'aile droite, faisant perdre la majorité absolue à LREM, l'avaient également affaibli.

- "Se réinventer" -

M. Le Gendre annonce quitter son poste au lendemain d'un large vote de confiance au nouveau chef du gouvernement Jean Castex, sans défection LREM si ce n'est Olivier Serva (Guadeloupe), qui s'est abstenu.

"Je prends le Premier ministre au mot, il nous dit qu'il veut travailler de façon intense avec sa majorité, je lui dis très bien, chiche", a déclaré M. Le Gendre devant la presse après ce scrutin. Et d'ajouter: "L'idée que le groupe doive se réinventer, je n'ai rien contre, je n'ai même que du pour".

Alors que des secrétaires d'Etat doivent encore être nommés, il a aussi affirmé n'avoir "jamais été candidat à quelque poste gouvernemental".

Les épisodes des "gilets jaunes", des votes de la loi anticasseurs ou de l'accord Ceta, et encore de la réforme des retraites, qui ont mis à rude épreuve la majorité, avaient fortement mobilisé le président de groupe au job "infernal", de l'avis de tous ses prédécesseurs.

Il s'était attaché à mettre en oeuvre son programme: "plus de collégialité", "plus de politique". Mais cet homme de "consensus" au caractère tempéré, parfois critiqué pour un défaut de "leadership" ou de "sens politique", s'était opposé en vain au printemps à l'émergence de courants au sein du groupe majoritaire.

M. Le Gendre avait été en butte aux railleries de l'opinion fin 2018, lorsqu'il avait estimé maladroitement qu'exécutif et majorité avaient "probablement été trop intelligents, trop subtils" sur la question du pouvoir d'achat. Face aux critiques, cet homme aux lunettes d'écaille et aux costumes impeccables restait poli en toutes circonstances.

Avec lui, c'est toute l'équipe de direction du groupe, soit quelque 25 députés qu'il avait choisis, qui devra s'en aller. Cette réorganisation pourrait coïncider avec des changements à la tête du parti présidentiel.

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