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Grèce: Tsipras affaibli demande la confiance du Parlement

Le Premier ministre Alexis Tsipras a demandé mardi aux députés du Parlement grec de le soutenir pour consolider son gouvernement affaibli après le départ de son allié souverainiste dans la coalition gouvernementale, en pleine controverse sur le nouveau nom de la Macédoine.

"J'ai pris le risque de ne pas continuer (mon mandat) sans demander le vote de confiance", a déclaré le Premier ministre en ouvrant le débat au Parlement, où le vote est prévu mercredi à minuit (22H00 GMT).

Son allié, le ministre de la Défense Panos Kammenos, chef du petit parti souverainiste des Grecs indépendants (Anel) et fervent opposant au récent accord sur le nouveau nom de la Macédoine, a démissionné dimanche et fait éclater quatre ans de coalition gouvernementale.

Pour le Premier ministre, l'accord gréco-macédonien de juin, qui rebaptise l'ancienne république yougoslave de Macédoine (Arym, Fyrom en anglais) en "République de Macédoine du nord", est "une occasion historique" de mettre fin à ce litige politico-sémantique empoisonnant les relations bilatérales depuis 27 ans.

Le différend a entravé l'adhésion de la Macédoine à l'Union européenne et à l'Otan en raison du veto grec.

"Mon devoir patriotique est d'œuvrer pour essayer de lever le fardeau de ce différend et de travailler pour valoriser et renforcer le rôle géopolitique de la Grèce dans la région, dans les Balkans et la Méditerranée de l'Est", a dit Alexis Tsipras en ouvrant le débat.

Son parti de gauche, le Syriza, compte 145 députés sur 300 mais le vote de confiance ne requiert qu'une majorité simple, qui ne doit toutefois pas être inférieure à 120 élus présents.

Fragilisé, le gouvernement Tsipras devrait y parvenir car au moins quatre députés de l'Anel, dont deux ministres, pourraient voter en sa faveur, ainsi que certains députés indépendants.

Au pouvoir depuis 2015, Alexis Tsipras a demandé aux députés "d'assumer leurs responsabilités en ce moment crucial".

Il a répété que "le vote de confiance va lui permettre de rester encore neuf mois au pouvoir pour accomplir son mandat et l'oeuvre gouvernementale".

"Je respecte l'opinion différente de Panos Kammenos" mais "pas de ceux qui profitent (de ce litige) pour des raisons électorales", a-t-il déclaré.

- "Les masques sont tombés" -

Le principal parti d'opposition, la droite de Nouvelle-Démocratie (78 élus), hostile à l'accord sur la Macédoine, votera contre la confiance et ne cesse de demander des élections anticipées.

"Les masques sont tombés (...) ce gouvernement-chiffon doit prendre fin", a lancé Kyriakos Mitsotakis, leader de la droite, dont le parti devance Syriza dans les intentions de vote. Il a souligné qu'Alexis Tsipras "fait tout pour rester au pouvoir".

Il a accusé le gouvernement de nommer "un militaire" au ministère de la Défense, "une première depuis la junte des colonels" (1967-1974). Lundi, le chef d'état major des armées Evangelos Apostolakis a remplacé Panos Kammenos après avoir démissionné de ses fonctions militaires.

Répondant à ces accusations, une source gouvernementale avait rappelé que de nombreux militaires ont servi le gouvernement dans le passé après avoir abandonné leurs fonctions militaires.

L'Union européenne a salué lundi "le courage politique et la responsabilité" d'Alexis Tsipras et de son homologue macédonien Zoran Zaev pour "résoudre l'un des plus vieux conflits dans la région".

Sur la même ligne Angela Merkel, en visite à Athènes la semaine dernière, a loué "l'action décisive" d'Alexis Tsipras qui "profite" non seulement aux deux pays mais "à toute l'Europe".

La marge de manoeuvre du gouvernement Tsipras sera cependant beaucoup plus faible pour le vote sur l'accord de Prespes (ou Prespa) que pour le vote de confiance. Pour être définitivement entériné, le nouveau nom de "République de Macédoine du Nord" doit en effet recueillir 151 suffrages.

Pour beaucoup, le nom de Macédoine appartient au patrimoine historico-culturel hellénique et doit être réservé à la province qui porte ce nom dans le nord de la Grèce, lieu de naissance du roi antique Alexandre le Grand.

Un rassemblement contre l'accord est prévu dimanche à Athènes, à l'appel surtout des groupes nationalistes.

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