Accueil Actu

Hollande reçoit les frondeurs à l'Elysée, en quête de rabibochage

François Hollande a longuement reçu mercredi soir des députés frondeurs autour d'un apéritif à l'Elysée, renouant le dialogue avec ces socialistes récalcitrants à l'approche d'élections départementales hautement périlleuses et en vue de 2017 mais au risque d'irriter les "bons élèves" de sa majorité.

Pendant près de deux heures et demie, les quatorze frondeurs conviés symboliquement par le chef de l'Etat autour de la table du Conseil des ministres, ont noué un dialogue nourri, "très cash", avec leur hôte.

Une conversation bien loin en tout cas des sanctions envisagées un temps, quand ces élus avaient contraint le gouvernement à passer en force pour imposer la loi Macron.

"C'était un vrai échange, pendant 2h15, autour de la table du Conseil des ministres, pas une rencontre pour se faire des reproches", a relaté à son issue un des frondeurs, le député de la Nièvre Christian Paul.

Le message adressé au président était qu'"en l'état sa politique ne passe pas auprès de la majorité" mais "l'essentiel est qu'il y ait un dialogue", a pour sa part estimé Pouria Amirshahi. Et, selon lui, François Hollande n'était "ni dans le reproche, ni dans la justification totale" de sa politique.

"On a pu exposer nos convictions, nos raisonnements", s'est quant à elle félicitée la députée du Doubs Barbara Romagnan, soulignant que de son côté, le président avait affirmé "sa volonté de rassemblement".

Quelques heures auparavant, à la sortie du Conseil des ministres, Manuel Valls s'était adressé à la presse pour justifier cette mansuétude, et marteler une priorité : "rassembler", dès le premier tour des départementales le 22 mars, les socialistes et la gauche pour contrer "la montée particulièrement inquiétante du Front national".

- Construction d'un mécano -

François Hollande veut-il également s'assurer d'une majorité à deux ans de la présidentielle ? "Le président souhaite œuvrer au rassemblement à l'unité de tous les Français, c'est l'esprit du 11 janvier", répond son entourage, "il pense que c'est essentiel pour la réussite de son action".

Pour autant et "quelles que soient les personnes reçues à l’Élysée, l'idée est d'avoir des discussions très directes et libres mais en aucun cas de discuter de la ligne ou de la composition du gouvernement", assure-t-on de même source.

François Hollande lui-même l'a affirmé dans un entretien avec Challenges: il n'y aura "pas de changement, ni de ligne ni de Premier ministre" en cas de défaite du PS aux départementales.

Pour autant, le chef de l’État n'exclut pas un élargissement de la majorité au nom de l'"exigence impérieuse du combat contre le Front National". Cécile Duflot (EELV), qui a refusé d'intégrer le gouvernement de Manuel Valls en 2014, entraînant le départ des écologistes, "est intelligente, elle comprendra", assure-t-il.

En privé, il le répète à l'envi: "La porte (du gouvernement) reste ouverte" pour les Verts dont il "ne souhaitait pas le départ du gouvernement".

"Ce qu'il faut aujourd'hui, c'est retricoter la gauche", décrypte un proche. "Pas la peine d'essayer de rallier le parti de gauche et le PCF mais il faut ramener les écologistes et rallier les frondeurs" dans le but de "ressouder la famille socialiste avec les radicaux et d'y agréger les Verts", explique-t-il.

A propos de ces derniers, poursuit-il, "le débauchage individuel ne sert à rien, il faut trouver un accord avec Duflot", entreprise périlleuse qui exigera de François Hollande qu'il mette en œuvre "tout son talent pour le rabibochage".

Un remaniement n'est "pas du tout la préoccupation du moment", abonde l'entourage du chef de l’État, "notre préoccupation, c'est l'action, pas la réflexion sur la construction d'un mécano".

À la une

Sélectionné pour vous