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Incident nucléaire à l'EPR de Taishan, en Chine: la cause identifiée

L'incident qui a conduit en juillet à l'arrêt d'un réacteur à la centrale nucléaire EPR de Taishan (Chine) serait dû à un défaut de conception de la cuve, affirme samedi la CRIIRAD qui met en garde contre le risque de problème identique sur d'autres EPR.

Association créée au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) a écrit samedi à la direction de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) pour lui faire part de cette information qu'elle dit tenir d'un "lanceur d'alerte".

"Il s'agit d'un Français qui travaille dans l'industrie nucléaire, ayant accès à des éléments techniques très précis sur la situation du cœur du réacteur de Taishan 1", a précisé à l'AFP Bruno Chareyron, directeur du laboratoire de la CRIIRAD.

L'opérateur chinois CGN exploitant principal de la centrale (70% des parts) avec EDF (30%), avait annoncé le 1er juillet "mettre à l'arrêt pour maintenance" le réacteur 1 de la centrale nucléaire EPR de Taishan, proche de Hong Kong, la seule installation EPR actuellement en service dans le monde.

L'incident avait été signalé le 14 juin: un petit nombre de barres de combustible d'uranium endommagées ("crayons") causait une accumulation de gaz rares radioactifs dans le circuit primaire, étanche, de la centrale. Les autorités avaient qualifié le phénomène de "courant" et écarté tout danger.

Dans son courrier, dont l'AFP a obtenu copie, la CRIIRAD écrit, sur la foi d'informations transmises par ce lanceur d'alerte, que ces "dégradations constatés sur les assemblages de combustible nucléaire (...) sont dues principalement à des vibrations anormales" de ces assemblages. Et que celles-ci "seraient liées à un défaut de la conception de la cuve de la filière EPR".

Toujours selon la CRIIRAD, des "résultats des essais sur maquette 0.2" chez Framatome au Creusot, dès 2007-2008, auraient révélé ces insuffisances sur l'hydraulique de la cuve.

L'association demande ainsi l'ASN, entre autres, si elle a été informée "de la détection d'un niveau anormal de vibration des assemblages de crayon à Taishan".

Elle l'interpelle aussi sur l'EPR de Flamanville, en cours de construction: ne devrait-elle pas "imposer à EDF de changer le couvercle de cuve avant toute divergence?"; considère-t-elle comme "acceptable, sur le plan de la sûreté et de la radioprotection, que le combustible neuf (...) soit chargé dans le coeur du réacteur en l'état?".

L'ASN, contactée par l'AFP, n'a pas souhaité s'exprimer.

"Le travail d’inspection du combustible et de la cuve du réacteur 1 de Taishan, lancé dès le déchargement, est toujours en cours. L’origine de l’inétanchéité de crayons combustibles ne sera déterminée qu’au terme de ces expertises", a de son côté indiqué EDF.

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