Accueil Actu

Injures visant la veuve du préfet Erignac: 5 mois de prison requis contre Charles Pieri

La procureur de Bastia a requis mardi 5 mois d'emprisonnement et 15.000 euros d'amende contre la figure controversée du nationalisme corse Charles Pieri, jugé pour un message Facebook insultant la veuve du préfet Erignac.

Lors de l'audience, qui s'est déroulée en l'absence de Charles Pieri, la procureur Caroline Tharot a fustigé des "propos abjects, indignes, honteux, à vomir". "Charles Pieri est bien l'auteur de ce post", publié sur un compte baptisé "Di l'altu pianu", a poursuivi la magistrate: "les investigations le désignent comme l'auteur des faits".

"Il n'y a ni maladresse, ni quiproquo", a ajouté Mme Tharot, évoquant des "injures et des propos portant atteinte à la dignité humaine de toutes les femmes".

Ce message, qui comparaît notamment Mme Erignac aux "femmes françaises ayant eu des relations sexuelles avec des soldats allemands pendant la Seconde Guerre mondiale", avait été publié dans la nuit du 6 au 7 février, après la cérémonie d'hommage au préfet Claude Erignac, assassiné 20 ans plus tôt, organisée en présence d'Emmanuel Macron.

L'avocat de Charles Pieri, Eric Barbolosi, a plaidé la relaxe, estimant que l'accusation n'avait pas prouvé que son client était le seul utilisateur du compte Facebook en question. "On juge selon la loi, pas selon le bon vouloir de la population", a-t-il argué.

"La plupart des gens vont considérer ces propos abjects, moralement répréhensibles, mais il n'en demeure pas moins qu'il n'y a pas d'infraction pénale", a-t-il ensuite déclaré à des journalistes après l'audience, assurant que son client - s'il était bien l'auteur du message en question - n'avait pas insulté Mme Erignac, mais "les femmes françaises qui ont eu des relations sexuelles pendant la guerre avec des Allemands".

"Donc elles n'ont pas été injuriées parce que françaises ou parce que femmes, elles ont été injuriées en raison d'un comportement qu'elles ont adopté pendant la guerre", a-t-il ajouté, des éléments n'entrent pas selon lui dans la qualification de l'article de loi sur lequel s'appuie l'accusation.

Placé en garde à vue à deux reprises, Charles Pieri, ex-chef présumé du FLNC et secrétaire national de Corsica Libera, avait refusé de s'exprimer et de signer les procès-verbaux.

Jugé pour "injure publique en raison du sexe" et "injure publique en raison de l'origine" par voie électronique, Charles Pieri encourt un an d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende. Le tribunal a mis son jugement en délibéré au 11 septembre.

Figure controversée en Corse, Charles Pieri apparaît aujourd'hui comme une pomme de discorde entre les deux chefs de file de la majorité nationaliste qui dirige les institutions corses. Gilles Simeoni a refusé de prendre part à un débat animé par M. Pieri début août lors des journées nationalistes de Corte, mais Jean-Guy Talamoni, son ancien avocat, est resté proche de lui.

Charles Pieri a déjà été condamné en appel en 2001 à 5 ans de prison pour association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, en 2005 à 10 ans de prison - ramenés à 8 en appel - pour notamment "extorsion de fonds" et "association de malfaiteurs" puis en 2011 à un an de prison pour port d'arme.

À lire aussi

Sélectionné pour vous