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Irlande: un référendum sur l'avortement sera organisé fin mai

Les Irlandais seront appelés à un référendum fin mai pour décider s'ils veulent libéraliser l'avortement ou conserver la législation actuelle, a annoncé lundi le Premier ministre Leo Varadkar.

A l'issue d'une réunion gouvernementale de plusieurs heures, il a précisé que la date exacte du scrutin serait connue après la conclusion de débats parlementaires.

Le chef du gouvernement irlandais s'est dit "confiant dans la réalisation de ce calendrier" lors d'une conférence de presse, soulignant qu'il s'agit d'un sujet "très personnel" et souhaitant un débat respectueux sur la question.

Il y a 3 ans, le pays de réputation conservatrice avait déjà marqué les esprits en votant très largement en faveur d'une légalisation du mariage homosexuel, démontrant une libéralisation de la société.

L'Irlande, qui reste imprégnée d'une culture très catholique, a néanmoins gardé l'une des législations les plus restrictives en Europe concernant l'IVG, interdite par le 8e amendement inscrit dans la Constitution du pays depuis 1983 et que seul un référendum peut modifier.

Le scrutin aura lieu un peu plus de deux mois avant une visite du pape François sur l'île en août.

- Opinion scandalisée -

En 2012, la loi sur l'avortement avait évolué une première fois vers une exception en cas de risque mortel pour la mère, après que l'opinion se fut scandalisée du cas d'une jeune femme décédée suite au refus des médecins d'interrompre sa grossesse à problème.

Les Irlandais se montrent désormais plus favorable à l'IVG et le gouvernement s'était engagé il y a près de deux ans à la tenue d'un référendum sur le sujet.

Le vote interviendra après "des décennies d'indécision, de confusion et d'incertitude pour les femmes et leur médecin", a estimé devant la presse le ministre de la Santé, Simon Harris.

Le Premier ministre a quant à lui précisé qu'il ferait campagne pour l'abrogation du 8e amendement malgré de nombreuses réserves sur la libéralisation de la loi affichées encore récemment.

"Mes opinions ont évolué avec le temps et l'expérience", a commenté le Premier ministre, médecin de formation pour qui la Constitution n'est pas le lieu "pour établir des affirmations définitives sur des sujets médicaux, moraux et légaux".

- Libéralisation -

Une prise de position qui rejoint celle affichée depuis quelques temps par les leaders des principaux autres partis, qui se sont déclarés l'un après l'autre en faveur d'une libéralisation de l'avortement.

Une assemblée de cent citoyens avait été convoquée à l'automne 2016 pour réfléchir à réformer la loi et avait recommandé en avril dernier un droit sans restriction à l'IVG jusqu'à douze semaines de grossesse.

A la surprise générale, une commission parlementaire avait ensuite repris cette recommandation, qui ne pourra se traduire dans la loi ordinaire par un vote du parlement qu'après le scrutin si une majorité vote pour l'abrogation du 8e amendement.

Cela entraînerait la suppression de tous les textes de loi interdisant l'avortement et permettrait au parlement de légiférer.

Chaque année, des milliers de femmes se rendent à l'étranger pour obtenir une IVG, notamment au Royaume Uni, ou commandent des pilules abortives sur internet.

Décrivant cette réalité comme "dangereuse, sans contrôle et illégale", Leo Varadkar a estimé que l'Irlande ne pouvait "continuer à exporter ses problèmes et à importer des solutions".

Selon le dernier sondage Ipsos/MRBI pour le quotidien Irish Times, publié vendredi, 56% des personnes interrogées se disaient en faveur de la possibilité d'avoir accès à l'IVG jusqu'à 12 semaines de grossesse et 29% contre.

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