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IVG: au Planning familial, Borne défend "un droit fondamental"

Inquiète face aux "reculs" constatés dans le monde, Élisabeth Borne a défendu mercredi le projet d'inscrire le "droit fondamental" à l'avortement dans la Constitution et également dans la charte des droits fondamentaux de l'Union européenne.

"En ce moment on voit qu'il y a des régressions, l'Histoire se remet à marcher dans le mauvais sens", a déploré la Première ministre, qui a visité mercredi le siège du Planning familial dans le XIe arrondissement à Paris.

"Quand on voit les reculs auxquels on peut assister aujourd'hui, y compris en Europe avec l'extrême droite qui remet en cause ce droit à l'avortement, on voit l'importance d'inscrire ce droit comme un droit fondamental", a insisté la Première ministre devant la presse, soutenant de nouveau la proposition de loi de la majorité annoncée ce weekend.

Mme Borne a notamment déploré la décision de la très conservatrice Cour suprême des États-Unis d'enterrer un arrêt qui, depuis près d'un demi-siècle, garantissait le droit des Américaines à avorter. Cela "a été un avertissement très sévère, et ça nous montre que rien n'est jamais acquis sur les droits des femmes", a-t-elle souligné.

Elle a donc plaidé pour inscrire ce droit dans la Constitution française mais aussi "dans la charte des droits fondamentaux au niveau européen".

Accompagnée de la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Isabelle Rome, la cheffe du gouvernement a échangé avec des associations et professionnels de santé, qui se sont félicités de la volonté de "sacraliser" le droit à l'IVG, quand bien même il ne serait pas menacé aujourd'hui en France.

"Mais nous ne pouvons imaginer ce qu'il se passera dans les prochaines décennies. Nous nous devons d'agir tant que ce consensus existe en France", a plaidé l'avocate Karen Noblinski.

"Ce n'est pas quand la maison brûle qu'on prend une assurance", a métaphorisé Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes. Mme Mailfert a aussi dénoncé "une internationale du conservatisme", mêlant financements russes et américains, destinée à entretenir des associations ou mouvements anti-IVG particulièrement actifs sur internet.

"Nous sommes inquiets face à la montée des conservatismes dans notre pays, pas qu'aux États-Unis", a renchéri Clémence Pajot, directrice de la Fédération nationale des centres d'information sur les droits des femmes et des familles.

Mme Pajot a notamment mis en avant le défaut d'information des jeunes qui "ne sont pas au courant de leurs droits" et sont influencés par des "sites internet très bien faits qui désincitent à l'IVG".

Les professionnels de santé présents se sont émus de "l'hétérogénéité" de l'accès à l'IVG sur le territoire, avec des femmes "obligées de se déplacer de département en département, qui doivent parfois faire 50-60 km", a souligné Sarah Durocher, coprésidente nationale du Planning familial.

Adrien Gantois, président du Collège national des sages-femmes a aussi alerté sur le "manque de professionnels dans certains territoires": "nous avons très peur pour cet été, cela ne concerne pas que l'IVG mais aussi les maternités".

La gynécologue Laurence Danjou, présidente de l'association nationale des centres d'IVG et de contraception, a mis en garde contre des difficultés croissantes à l'accès à "l'IVG instrumental", dont la part s'est réduite au profit de l'IVG médicamenteuse, "pas indiqué pour toutes les femmes".

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