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IVG: les députés se préparent à voter, la droite ne suit pas les opposants

L'Assemblée nationale se préparait mardi à voter une disposition confortant le droit à l'interruption de grossesse en France, la majorité de la droite s'étant démarquée des anti-IVG non sans reprocher au gouvernement de diviser les Français.

L'article "5 quinquies C", qui supprime la notion de "détresse" pour une femme voulant demander une IVG, devrait être examiné dans la soirée, après une accélération lundi soir des débats sur le projet de loi pour l'égalité femmes-hommes dans lequel il figure.

Alors que la gauche soutient d'un bloc cette disposition depuis son introduction par les députés socialistes en décembre, et défend même "haut et fort" le droit à l'IVG depuis sa remise en cause en Espagne, l'opposition a été poussée mardi à clarifier son positionnement.

Ainsi les députés UMP et UDI voteront majoritairement en faveur de la suppression de la "situation de détresse" qui remonte à la loi Veil de 1975, même s'ils jugent inopportun de le faire dans le cadre de ce projet de loi, ont indiqué leurs responsables.

L'ancien Premier ministre UMP François Fillon avait lui estimé lundi, au lendemain d'une importante "Marche pour la vie" à Paris, que le gouvernement commettait une "faute morale et politique" en risquant de "banaliser" l'avortement et de "diviser les Français". Le président de l'UDI Jean-Louis Borloo avait aussi mis en garde contre la relance de ce débat.

Le député écologiste indépendant Noël Mamère analysait mardi: "L'UMP a donné la liberté de vote à ses députés, ce qui en dit long sur sa gêne par rapport à la montée au créneau de ses plus ultras".

Le gouvernement a pressé le parti de Jean-François Copé d'éclaircir sa position, notamment sur un amendement UMP jugé "rétrograde" suggérant le déremboursement de l'IVG par la Sécurité sociale.

Des rangs socialistes resserrés

Faisant état d'une position "quasi unanime" de son groupe, le chef de file des députés UMP Christian Jacob a estimé que l'élimination de la notion de "détresse" ne changeait "rien sur le fond" et que l'"on est dans la loi Veil". Il a qualifié de "totalement isolée" l'initiative de seize députés du groupe en faveur d'un déremboursement de l'IVG, dont plusieurs membres de l'Entente parlementaire pour la famille comme Jean-Frédéric Poisson.

A la différence de ce qui s'était produit il y a un an autour du projet de loi sur l'ouverture du mariage aux couples de même sexe, le groupe UMP semble ainsi ne pas vouloir relayer dans l'hémicycle la mobilisation dans la rue, ni laisser la main aux plus conservateurs dans ses rangs.

Les "pro-déremboursement" de l'IVG ont voulu par cette proposition "coup de gueule" protester contre un gouvernement qui "rompt l'équilibre" de la loi Veil et prend le risque de "faire monter les extrêmes", s'est justifié mardi l'un d'eux, Philippe Gosselin.

A l'extrême droite, Marion Maréchal-Le Pen (FN) réclame le maintien du "garde fou" de la notion de "détresse" et Jacques Bompard (Ligue du Sud) refuse que "la loi abandonne l'enfant à naître à un infanticide prénatal banalisé".

Dans les rangs socialistes resserrés sur ce texte sociétal, les élus s'organisaient mardi "pour être nombreux" à une heure tardive dans l'hémicycle, à "défendre l'IVG et son remboursement", selon des sources concordantes.

"La France doit rester le fer de lance du combat pour les droits des femmes", a plaidé la présidente de la Délégation aux droits des femmes de l'Assemblée, Catherine Coutelle (PS), en appelant à soutenir les femmes en Espagne, où le gouvernement de droite a présenté en décembre un projet supprimant quasiment l'avortement.

Les ministres des Droits des femmes et de la Santé ne sont pas prviées, non plus, d'évoquer le cas espagnol, pour mieux mettre en avant les avancées défendues par un gouvernement de gauche.

Najat Vallaud-Belkacem a vanté mardi "le rôle de la France qui choisit de réaffirmer ce droit" à l'IVG dans "une Europe tentée par le retour en arrière". Et la ministre de la Santé Marisol Touraine a appelé la droite française à se positionner notamment sur le projet espagnol qui "renverrait les femmes à l'âge de pierre".

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