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Jets d'objets, claques": la mère de Smaël, mort sous les coups, endosse une part de "responsabilité"

"Je suis responsable (...) j'assume les faits": à son procès mercredi pour la mort de Smaël, de faim et sous les coups à 13 mois, sa mère a reconnu des "claques", "jets d'objets" et une privation de soins, assurant avoir suivi les règles éducatives du père, qui a lui nié toute participation au martyre de l'enfant.

"Avant, j'étais bête, menteuse. Maintenant, j'assume parce que je suis responsable de la mort de Smaël. J'assume les faits. Je vais me battre pour la mémoire de mon fils", a déclaré la mère, Arlette, une Ivoirienne de 25 ans, devant la cour d'assises de la Marne.

"J'ai des problèmes familiaux, personnels. J'étais à bout" a répondu aux questions de la présidente cette mère d'un autre enfant, Samuel, placé. "Smaël pleurait souvent. Lorsqu'il pleurait, je lui jetais des objets, mais pas des objets tranchants. J'étais agacée. J'en avais marre. Je lui mettais des claques. Je lui tirais les oreilles. C'est tout".

Dépeinte par l'expertise psychiatrique comme "une personnalité carencée avec une intelligence faible et un état dépressif sévère", elle comparaît avec son conjoint Oumar, Français de 37 ans né en Mauritanie, pour violences ordinaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, non dénonciation de mauvais traitements, privation de soins et d'aliments et non assistance à personne en danger.

L’enfant avait été découvert en arrêt cardio-respiratoire dans un appartement de Reims en octobre 2018, à la suite d'un appel des parents. Malgré les tentatives de réanimation, il décédait quelques heures plus tard.

Selon l'enquête, Smaël "portait une cinquantaine de blessures causées par du fil électrique, était "dans un état de dénutrition sévère" et présentait des "lésions cérébrales" qui ont provoqué sa mort.

"Je faisais pas attention à lui. Je le nourrissais pas", a regretté Arlette, décrivant un enfant "nerveux", qui "faisait des crises, se mettait en colère". Mais "je ne me souviens pas l'avoir attrapé, tordu le bras. (...) Je ne me souviens pas l'avoir secoué pour le forcer à manger", a-t-elle dit.

Elle a enfin expliqué avoir commencé à battre son bébé en suivant les règles éducatives de son compagnon.

Mais ce dernier, s'il avait également exprimé des "regrets" à l'ouverture, lundi, du procès, a de nouveau nié mercredi toute implication dans le calvaire de l'enfant, dont la naissance "n'était pas prévue".

Selon lui, c'est Arlette qui décide de leur mise en couple, lui "n'a pas cherché à comprendre", elle qui se charge de trouver un appartement à Reims, qui "s'occupait des courses et gérait le budget, environ 800 euros d'aides sociales par mois".

A la barre, il reconnaît "une petite tape une fois parce que Samuel, l'aîné, avait fait pipi au lit", mais ne l'a "jamais violenté", et n'a "jamais levé la main sur Smaël".

Il a vu sa compagne "bousculer" et frapper Smaël "mais pas avec un câble", l'a entendue l'insulter "dès le matin" mais ne sait pas "comment se sont passées les fractures", n'a "pas vu de brûlures de cigarettes".

"J'accepte qu'on me reproche de ne pas m'en être occupé assez. J'aurais dû appeler la police", admet-il.

Mais il était "sous la coupe de Mme", se décharge-t-il, évoquant des disputes où par deux fois "elle a sorti un couteau" et soulignant qu'il faisait "tout pour ne pas l'énerver". "Je lui demandais d'arrêter. Mais je ne pensais que ça allait aller jusqu'à la mort de mon fils".

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