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Jusqu'à 20 ans requis pour l'agression "foncièrement antisémite" à Créteil en 2014

Un choix des victimes "foncièrement antisémite" et un viol pour "punir": jusqu'à 20 ans de prison ont été requis jeudi à l'encontre des agresseurs d'un homme juif et de sa compagne, violée lors de ce cambriolage arme au poing à Créteil en 2014.

L'avocate générale a requis de 10 à 20 ans de réclusion criminelle à l'encontre des trois hommes âgés d'aujourd'hui 22, 23 et 26 ans - dont l'un est en fuite - qui avaient pénétré de force, cagoulés, gantés et armés, dans l'appartement des victimes.

Elle a également demandé douze et huit ans de prison pour deux complices, jugés en même temps devant la cour d'assises du Val-de-Marne.

Le 1er décembre 2014 au matin, "à peine levés", Jonathan et sa désormais ex-compagne Laurine, qui habitaient temporairement chez les parents du jeune homme, avaient été "saucissonnés" et bâillonnés pendant que les agresseurs fouillaient l'appartement à la recherche d'argent liquide. "Les juifs, ça ne met pas l'argent à la banque", leur avait-on dit arme au poing, en menaçant de les "buter".

"Les Russes sont des alcooliques, les Suisses sont des fraudeurs, les Chinois sont des fourbes, les noirs se ressemblent tous, les Arabes mentent. Et les juifs, ça a de l'argent", déclare Christine Laï en débutant ses réquisitions.

Le préjugé racial, cette "imbécilité humaine", devient "agissant" quand "on s'en saisit pour cibler et déterminer qui on va aller attraper chez lui", continue-t-elle.

Car elle n'en doute pas, les agresseurs, ces "loups" qui évoluaient dans ce quartier où habite une grande partie de la communauté juive de Créteil, "ont vu le rond" sur la tête du père de la victime, "ont vu la Mercedes noire" qu'il conduisait, et en ont conclu qu'ils étaient juifs et avaient de l'argent.

"Il y a un caractère foncièrement antisémite dans votre sélection des victimes", dit-elle aux hommes dans le box, qui l'écoutent impassiblement.

Le jour du cambriolage, les propos antisémites sont tenus par un seul des accusés, l'homme en fuite, contre qui l'avocate générale a requis la plus lourde peine. "C'est pour mes frères en Palestine", dira-t-il entre autres, en s'amusant à laisser tomber des couteaux sur Jonathan, ligoté à terre, avant de décrocher des symboles juifs des murs et de le jeter au sol.

- "Humiliation supplémentaire" -

"Une peur supplémentaire, une humiliation supplémentaire" dans cette "terrible histoire qui dure une heure et demi", et dans laquelle la menaces d'armes, dont Jonathan sent "le métal dans sa bouche" quand ses agresseurs s'énervent de ne pas trouver ce qu'ils cherchent, est omniprésente.

Reste la question du viol, qu'aucun accusé ne reconnaît. Face à Laurine, qui "s'épuise dans ses spasmes" et pleurs nerveux tout au long du procès, l'avocate générale voit "la mauvaise foi" de Ladje H., seul renvoyé pour ces faits, qui "se bute quand on s'approche du viol et par conséquent, qu'on s'approche de lui".

Elle relit toute la déposition sur ces faits de Laurine, 19 ans à l'époque. "J'étais toute seule, je les entendais parler", avait raconté celle qui avait répondu "je suis rien" quand ses agresseurs lui avait demandé si elle aussi était juive.

"J'ai entendu l'Arabe dire au Noir +tu veux la baiser sa copine ?+".

"Il est rentré, il m'a dit +crie pas, pleure pas, ou je t'emmène avec moi", continue l'avocate générale, avant de raconter comment l'homme a ensuite infligé des caresses sur les seins et deux pénétrations digitales à la jeune femme, pieds et poings liés sur un lit.

"Il n'y a pas de consonance de plaisir dans ce viol là", affirme Mme Laï. "On viole parce qu'on punit, parce qu'on n'a pas trouvé assez de fric, parce que les juifs finalement, ça n'en a pas tant que ça".

Les plaidoiries de la défense se tiennent jeudi après-midi, le verdict est attendu vendredi.

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