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L'acteur Jean-Pierre Marielle est décédé

Jean-Pierre Marielle, acteur français réputé pour sa voix caverneuse, est décédé à l'âge de 87 ans, indique sa famille à l'Agence France Presse. Le comédien a eu une très longue carrière: il a joué dans plus de cent films.

Une voix caverneuse et gouailleuse inoubliable, une de ces figures mâles qu'on imagine se moquer du monde dans les bistrots parisiens: Jean-Pierre Marielle, grande figure du cinéma et du théâtre français s'est éteint mercredi.

Le comédien, inoubliable interprète de Monsieur de Sainte-Colombe dans "Tous les matins du monde" (1991) et grande figure du cinéma et du théâtre français, avait 87 ans. "Agathe Marielle a la tristesse d'annoncer que son mari, l'acteur Jean-Pierre Marielle, s'est éteint le 24 avril à 16h24, à l'hôpital des Quatre Villes à Saint-Cloud des suites d'une longue maladie. Les obsèques se dérouleront dans la plus stricte intimité", a annoncé son épouse dans un communiqué.

Cinémathèque hexagonale à lui tout seul, incarnant une France populaire, il a joué dans plus de cent films, comiques et tragiques, d'auteur et grand public, et d'innombrables pièces et téléfilms.

Pour un acteur, ce n'est pas très intéressant de jouer un type sympa. L'instabilité, le trouble sont beaucoup plus riches

Un de ses plus célèbres rôles au cinéma fut celui de Monsieur de Sainte-Colombe dans "Tous les matins du monde" d'Alain Corneau (1991). "J'ai été dans tous les genres avec des gens qui ont très bon genre", disait-il avec l'humour de celui qui, désabusé, prétendait être revenu de tout et de tous... Sauf des jolies femmes, comme il le montre si bien dans la tragi-comédie "Les Galettes de Pont-Aven" de Joël Séria (1975).

De grande taille, larges épaules, moustache fournie, barbe poivre et sel, regard ironique, narquois, il aimait bien jouer les sales bonhommes, les beaufs bêtes et méchants, cyniques: "pour un acteur, ce n'est pas très intéressant de jouer un type sympa. L'instabilité, le trouble sont beaucoup plus riches".

Il a été sept fois nominé aux César sans en remporter un seul. Mais ne rien obtenir dans les "comices agricoles télévisuels" lui était indifférent, disait-il: "Les César ? J'en ai rien à foutre!"

Admettant avoir parfois joué dans des films et des pièces très "oubliables", il cultivait l'humour grinçant et intimidait ses interlocuteurs d'un grand rire et d'une voix d'ogre qui lui permettaient de justifier son caractère rugueux: "Vous aimez qu'on vous emmerde, vous ? Pas moi".

Né à Paris le 12 avril 1932, ce Bourguignon fils d'un industriel de l'agroalimentaire et d'une mère couturière, qui grandira à Dijon, est aiguillé vers le théâtre par son professeur de lettres.

Jean-Pierre Marielle est venu sur le plateau de Face à Face sur RTL-TVI. C'était en 2010 pour parler de son livre, "Le grand n'importe quoi". Voici un extrait de l'émission.




Élève au Conservatoire avec Jean-Paul Belmondo et Jean Rochefort

Sorti du Conservatoire de Paris dans la même fournée que Jean-Paul Belmondo, Bruno Cremer, Claude Rich, Françoise Fabian et Jean Rochefort, l'ami de toute une vie, il décroche son premier rôle dans "Le mariage forcé" (Molière) en 1953.

Stagiaire à la Comédie-française, il entame une carrière dans le théâtre léger, fait du cabaret avec Guy Bedos. Il en oublie le cinéma. La Nouvelle Vague l'ignore: il est alors catalogué acteur burlesque et de boulevard.

Pourtant, avec Claude Régy, Delphine Seyrig et Jean Rochefort, il va contribuer à populariser dans l'Hexagone les auteurs anglo-saxons comme Edward Albee ou Harold Pinter. Et, s'il apparaît dans des comédies de boulevard, il joue aussi, des années 60 aux années 2000, du Claudel, du Tchekhov ou du Pirandello.

Je ne suis qu'un amateur défrayé. Je n'ai jamais rien pris au sérieux, je n'ai pas grand-chose à dire et je ne sais pas le dire

Au cinéma, après de timides débuts en 1960, il lui faut attendre une décennie et une bonne vingtaine de rôles avant de se faire remarquer. C'est à partir de 1969 que ses personnages les plus consistants arrivent. On le voit dans "Le diable par la queue" de Philippe de Broca, "Sex-shop" de Claude Berri, "La valise" de Georges Lautner ou "Comment réussir quand on est con et pleurnichard" de Michel Audiard.

S'ensuit une intense activité devant les caméras. Il enchaîne (comme par exemple en 1976) jusqu'à cinq films par an, tournant sous la direction de Blier, Labro, Molinaro, Mocky, Sautet, Tavernier, Miller et d'autres. A son répertoire : "Que la Fête commence", "Dupont Lajoie", "L'imprécateur", "Coup de Torchon", "Tenue de soirée", "Uranus", "Un, deux, trois, soleil", "La Petite Lili", "Les âmes grises" etc.

Modeste, il adorait briser le mythe de la vocation du grand acteur : "Je ne suis sensible ni à l'odeur des éponges à maquillage ni à la poussière des coulisses. Je ne suis qu'un amateur défrayé. Je n'ai jamais rien pris au sérieux, je n'ai pas grand-chose à dire et je ne sais pas le dire".

Discret sur sa vie privée - marié à l'actrice Agathe Natanson, il avait un fils d'un précédent mariage -, il aimait le vélo, le jazz et New York.

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