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L'assurance chômage voit "le bout du tunnel" des déficits

L'équilibre en 2019, des excédents dès 2020: en déficit depuis une décennie, l'assurance chômage voit "le bout du tunnel", une bonne nouvelle que les partenaires sociaux brandissent comme un gage de leur bonne gestion, au moment où l'exécutif veut reprendre la main.

Le régime est endetté depuis le début des années 2000 et n'a plus enregistré d'excédents depuis 2008, frappé de plein fouet par la crise. Les excédents attendus sont donc accueillis avec soulagement par les syndicats et le patronat, qui gèrent l'assurance chômage au sein de l'Unédic.

"On voit un peu le bout du tunnel", a lâché Patricia Ferrand, présidente (CFDT) de l'organisme, devant la presse.

Ces bonnes prévisions "légitiment totalement", estime-t-elle, la gestion paritaire de l'assurance chômage. Elles sont la preuve d'une "gestion responsable", a abondé Jean-Michel Pottier (CPME).

Selon le gestionnaire de l'assurance chômage, le déficit de l'assurance chômage, qui s'élevait à 3,4 milliards d'euros en 2017, devrait reculer à 89 millions en 2019. Le régime génèrerait 1,6 milliard d'excédents en 2020, puis 3,6 milliards en 2021.

Résultat: la dette cumulée du régime culminerait à 35 milliards d'euros fin 2019, avant d'entamer une décrue.

"Sur le moyen terme, un désendettement quasi total est possible", sous réserve notamment que la phase de croissance de l'économie soit "suffisamment longue et conséquente", estime l'Unédic.

Les prévisions ne tiennent toutefois compte ni de la réforme en cours de l'assurance chômage (indemnisation des démissionnaires et indépendants), qui pourrait générer "un surcoût de 280 à 570 millions d'euros en régime de croisière" selon l'Unédic, ni de la future révision des règles européennes sur l'indemnisation des travailleurs transfrontaliers notamment, en cours de discussion, qui pourrait générer "des économies de 580 à 640 millions d'euros par an".

- Renégociations encadrées -

L'embellie attendue est notamment le fruit du "dynamisme de l'économie", selon l'Unédic.

La baisse du nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi serait de 128.000 personnes en 2018 en France entière, puis resterait sur un rythme de plus de 100.000 par an à horizon 2021. Les chiffres de Pôle emploi passeraient ainsi de 3,72 millions de chômeurs fin 2017 à 3,25 millions fin 2021, avec à la clef moins d'allocations à verser.

Le taux de chômage au sens du bureau international du travail (BIT), mesuré par l'Insee, reculerait, quant à lui, de 9,2% à 7,7% de la population active d'ici fin 2021.

Mais pour l'Unédic, le redressement de ses comptes est aussi dû aux décisions prises par les partenaires sociaux dans le cadre de la convention d'assurance chômage conclue en avril 2017 et entrée en vigueur en octobre.

Ces nouvelles règles doivent permettre une économie "d'environ 2,7 milliards d'euros" d'ici à fin 2021.

Les partenaires sociaux revendiquent leur bonne gestion, dans un contexte où ils risquent de perdre une partie de leurs prérogatives.

Si le projet de loi "avenir professionnel" actuellement examiné à l'Assemblée est adopté, les renégociations des règles d'indemnisation chômage seront, à l'avenir, strictement encadrées par le gouvernement, à travers un "document de cadrage" qui fixera notamment une "trajectoire financière".

Les partenaires sociaux n'auront, en outre, plus totalement la main sur les recettes du régime, l'exécutif ayant supprimé les cotisations salariales d'assurance chômage, pour les remplacer par des recettes fiscales. Selon le député de la majorité Aurélien Taché, rapporteur du volet "assurance chômage" du projet de loi, le gouvernement compte aller plus loin en supprimant aussi "une partie" des cotisations patronales.

Vent debout contre la réforme, les partenaires sociaux ne cessent de revendiquer leur légitimité depuis l'élection d'Emmanuel Macron.

"On a assumé l'endettement pendant les années de crise", pour jouer un "rôle d'amortisseur social", "on assume aussi (...) le désendettement", a déclaré mercredi Mme Ferrand, qui a demandé "une clarification des responsabilités" de la part du gouvernement.

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