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L'Equipe: la grève reconduite pour le 5e jour d'affilée, pas de journal mercredi

Les fans de sport resteront privés de leur journal phare mercredi pour le 5e jour d'affilée: la situation s'enlise à L'Equipe, les salariés opposés à la suppression d'une cinquantaine de postes ayant décidé de reconduire leur grève, la plus longue de l'histoire récente du quotidien.

A l'issue d'une réunion avec la direction, suivie d'une assemblée générale, l'intersyndicale SNJ - SNJ-CGT - UFICT-CGT - SGLCE-CGT a décidé de prolonger de 24 heures le mouvement suivi, selon elle, depuis vendredi par 80% des titulaires (hors supérieurs hiérarchiques).

Le journal ne paraîtra pas mercredi, a annoncé la direction à l'AFP.

"La grande majorité des journalistes de L'Equipe a choisi de faire grève" pour "défendre nos emplois, nos conditions de travail et l'idée que nous avons de L'Equipe et de nos titres", avaient résumé lundi plusieurs plumes du journal sur leurs comptes Twitter où affluent les témoignages de soutien.

"Ceux et celles qui ont un +besoin essentiel+ de l'Equipe chaque matin sont forcément solidaires", a notamment tweeté le journaliste Pierre Lescure.

Une nouvelle réunion avec la direction est prévue mercredi, en parallèle de laquelle un rassemblement de salariés est envisagé à 14h, a-t-on appris de sources concordantes.

A l'origine du mouvement, le plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) dévoilé cet automne par la direction, qui cherche à réaliser 5 millions d'euros d'économies et éviter 6 millions de pertes en 2021.

Arrêt des compétitions sportives au printemps, nombreuses annulations ou reports depuis... Déjà fragilisé par la baisse de ses ventes papier, le quotidien a souffert de la crise sanitaire. En novembre, sa diffusion a reculé de 12,61% par rapport à novembre 2019, à 192.499 exemplaires (papiers et numériques) par jour, selon l'Alliance pour les chiffres de la presse et des médias (ACPM).

- "c'est un sabordage" -

C'est dans ce contexte que la direction avait proposé en juin un projet d'accord de performance collective qui prévoyait une baisse des rémunérations et du nombre de jours de RTT, en échange de la préservation des emplois sur la période 2020/2024. Plan rejeté par les syndicats.

Le PSE présenté en réponse vise la SAS L'Equipe, qui emploie 350 personnes et édite le quotidien et son magazine, ainsi que Vélo Magazine et l'hebdomadaire France football, en passe de devenir un mensuel.

Au total, 47 postes de journalistes et huit administratifs doivent être supprimés. Parallèlement, 12 créations de postes sont prévues (chef des infos web, service de décryptage...), ramenant le total de postes supprimés à 35 postes chez les journalistes. Objectif, selon la direction, enrichir l'offre internet pour atteindre le nombre de 450.000 abonnés numériques payants en 2025, contre près de 300.000 aujourd'hui.

Mais "comment monétiser L'Equipe en dégradant sa qualité?", s'interroge Francis Magois (SNJ).

Alors "que beaucoup de reporters regardent déjà des matches à la télé pour des raisons budgétaires (...), on va abandonner des pans entiers de l'éditorial", poursuit M. Magois, citant une moindre couverture des clubs de foot de ligue 1 ou du rugby, la quasi-fin du traitement de la deuxième division de foot, "sans parler des petits sports".

"On en train de sacrifier ce qui fait notre force, c'est un sabordage", ajoute-t-il.

- "mauvais signal" -

"Le signal envoyé est très mauvais" à l'approche des Jeux de Paris 2024 ou de la coupe du monde de Rugby, également prévue en France en 2023, explique un journaliste de L'Equipe qui a requis l'anonymat.

Les syndicats, qui déplorent aussi la suppression d'au moins cinq postes avec la fin du supplément Sport et Style, indépendant du PSE touchant la SAS, réclament la suspension des plans sociaux.

Lors d'une réunion mardi, le directeur général de l'Equipe Jean-Louis Pelé a proposé des conditions de départ améliorées mais pas d'"évolution significative", selon Francis Magois.

Face à la perspective d'une grève longue, les syndicats ont lancé une cagnotte en interne pour aider les salariés en difficulté.

Ils ont reçu le "soutien" des représentants du personnel du CSE de L'Equipe 24/24, l'éditeur de la chaîne de télé, qui partagent leur "incompréhension" face à la "confortable trésorerie" du groupe Amaury, propriétaire de l'Equipe.

De son côté, la direction répond que le groupe "doit rester prudent", compte tenu "des importantes incertitudes qui demeurent" sur le sport.

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