Accueil Actu

L'Unédic prévoit des comptes dans le rouge en 2021 et des destructions d'emploi

Des comptes dans le rouge et encore des emplois détruits: l'Unédic, qui gère le régime d'assurance-chômage, prévoit un déficit de 10 milliards d'euros en 2021 et anticipe la destruction de 230.000 emplois sous l'effet de la fin des aides publiques et d'une "conjoncture encore fragile".

L'organisme paritaire, qui présentait ses prévisions financières pour le régime d'assurance chômage à l'horizon 2022, a également indiqué mercredi que le déficit du régime atteindrait 6,4 milliards d'euros cette année-là. Cela porterait la dette à 70,6 milliards d'euros fin 2022, après 64,2 milliards fin 2021 et 54,2 milliards fin 2020.

Pour 2020, le déficit est de 17,4 milliards, l'Unédic soulignant que "ce ne sont pas les dépenses d'allocation chômage qui ont le plus pesé" mais que "plus de la moitié est imputable au financement de l'activité partielle" (55%). Celle-ci est prise en charge aux deux tiers par l’État, un tiers par l'Unédic. Au plus fort de la crise au printemps, près de 9 millions de salariés ont été concernés. Ils étaient encore 2,1 millions en janvier, selon la Dares.

En 2021, l'Unédic "fait l'hypothèse que les mesures de maintien de l'emploi devraient s'estomper dans le courant de l'année. La fin des aides et une conjoncture encore fragile entraîneraient la destruction de 230.000 emplois" cette année, après la destruction de 360.500 emplois dans le privé en 2020 (chiffres Insee). Le nombre de chômeurs indemnisés serait ainsi "d'environ 2,95 millions de personnes fin 2021", poursuit l'organisme.

En 2022 en revanche, le nombre de demandeurs d'emploi indemnisés "diminuerait de 125.000 grâce aux 210.000 créations d'emploi attendues, ce qui porterait le nombre de chômeurs indemnisés à environ 2,8 millions de personnes fin 2022. Le niveau de l'emploi reviendrait à son niveau de 2020 (19,4 millions)", ajoute l'Unédic.

Au cours d'un point presse en visioconférence, Éric Le Jaouen, président de l'Unédic, a souligné le contexte "compliqué en termes de prévisions", en raison des incertitudes qui pèsent sur l'économie et des politiques de soutien "dont on ne sait pas quand elles s'arrêteront".

- "Dette Covid" -

A cela s'ajoute la réunion mardi prochain entre la ministre du Travail, Elisabeth Borne, et les partenaires sociaux, au cours de laquelle sera "exposée la nouvelle réglementation d'assurance-chômage", a-t-il relevé.

Les responsables des principales organisations syndicales et patronales sont conviés pour échanger sur "les points de sortie" de la concertation engagée à l'automne sur la réforme controversée de l'assurance chômage.

Les prévisions de l'organisme se basent sur les règles de l'assurance-chômage actuellement en vigueur "car nous ne connaissons pas les modifications qui auront lieu" dans le cadre de la réforme, a renchéri le directeur général de l'Unédic Christophe Valentie. L'organisme a néanmoins calculé que si la réforme se faisait comme prévu initialement, elle engendrerait une économie d'un milliard en 2021 et 2,6 milliards en 2022. Le gouvernement entend toutefois l'"adapter" à la crise.

L'Unédic n'anticipe pas non plus le taux de vaccination ou un éventuel troisième confinement, "donc le niveau d'incertitude est élevé", a insisté M. Valentie, soulignant que l'assurance-chômage était "fortement sensible à la conjoncture économique".

En février 2020, avant l'explosion de la crise sanitaire, l'Unédic prévoyait, après un déficit de 0,9 milliard en 2020, un solde financier excédentaire de 2,3 milliards d'euros en 2021, puis de 4,2 milliards en 2022.

"La crise Covid a amené la courbe dans l'autre sens" et "logiquement la dette augmente", a souligné M. Valentie. In fine, l'Unédic estime l'impact lié à la crise économique entre 2020 et 2022 sur ses finances à "près de 39 milliards d'euros".

Dans un communiqué, la CGT a réagi à ces prévisions en fustigeant à nouveau la réforme de l'assurance-chômage. "Le chômage explose et la seule action du gouvernement est de prioriser la baisse des allocations", a-t-elle dénoncé, rappelant que les cinq principaux syndicats avaient réaffirmé d'une même voix cette semaine leur opposition à la réforme.

À lire aussi

Sélectionné pour vous