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L'Unsa, syndicat réformiste qui monte, change de numéro un

L'Union nationale des syndicats autonomes, l'Unsa, va élire son nouveau secrétaire général lors d'un congrès de mardi à jeudi à Rennes, où elle cherchera les moyens de conforter sa place d'organisation réformiste dans un paysage syndical bousculé par les "gilets jaunes".

Laurent Escure devrait succéder en douceur à Luc Bérille à la tête de ce jeune syndicat né en 1993 et qui, avec 200.000 adhérents revendiqués, affirme ne cesser de progresser.

M. Escure, 48 ans, sera également rapporteur de la motion qui devrait être adoptée à Rennes. Les deux hommes sont très proches, M. Escure étant actuellement secrétaire national de l'Unsa.

L'un de leurs principaux objectifs sera de consolider la place de leur confédération afin de devenir représentative au niveau national et interprofessionnel, quitte à changer le mode de calcul.

Actuellement, seules cinq organisations syndicales - la CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC et la CFTC - sont représentatives au plus haut niveau, ayant dépassé la barre des 8% des votants du seul secteur privé, ce qui n'est pas le cas de l'Unsa (5,35%).

En revanche cette dernière, première organisation non-représentative devant Solidaires, est le quatrième syndicat du public (11,2% lors du dernier scrutin, à l'automne) et siège dans de nombreuses branches où elle a obtenu plus de 8% des suffrages aux élections professionnelles.

"Nous revendiquons que la représentativité interprofessionnelle nationale soit calculée en intégrant aussi la représentativité fonction publique dans tous les cas où un mandat concerne l'ensemble des travailleurs, qu'ils soient salariés ou agents publics", a dit M. Bérille, 62 ans, dont 8 à la tête de l'Unsa, en présentant le congrès de Rennes à la presse.

De son côté, M. Escure a estimé que si le seuil de représentativité était porté "à 7%", l'Unsa "y serait", puisqu'avec ce calcul modifié elle recueillerait 7,2% des voix.

- "Des rapprochements" -

Le congrès de Rennes sera aussi l'occasion de "réfléchir" à la manière dont l'Unsa "peut contribuer à la recomposition du paysage syndical français", a jugé M. Bérille. "Certains voient deux blocs, les réformistes et les autres", il serait "logique" que "ceux qui partagent les mêmes valeurs travaillent ensemble", a-t-il ajouté en faisant allusion à la CFDT et la CFTC. "On a aujourd'hui des organisations concurrentes", a-t-il relevé. "Travailler à des rapprochements qui aient du sens", a-t-il poursuivi, "cela ne signifie pas la disparition de l'Unsa".

Relevant que la crise des "gilets jaunes" "interpelle les syndicats" et qu'"on pourrait être inquiet de tenir ce congrès dans un tel moment", il a estimé qu'"au contraire c'est plutôt une chance: on est dans une organisation où on peut débattre et on va pouvoir tout mettre sur la table".

Pour sa part M. Escure a souligné que l'équipe issue du congrès "marquera une nouvelle étape" car elle sera "deux fois paritaire", avec 7 hommes et 7 femmes mais aussi 7 représentants du public et 7 du privé.

Il a relevé que le congrès va également "réfléchir à des services à offrir aux salariés", comme un accompagnement personnalisé à travers des consultations juridiques ou des conseils de carrière. "Les bureaucraties syndicales ont oublié cette évidence, l'organisation de solidarités de proximité", a-t-il accusé, affirmant que "le syndicalisme italien s'est rénové avec des initiatives comme celles-ci".

Ancien responsable de l'Unef, M. Escure a été professeur des écoles jusqu'en 2017 tout en occupant des responsabilités au sein de l'Unsa. Il a notamment été secrétaire général de l'Unsa Education et secrétaire général adjoint de l'Unsa Fonction publique.

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