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La CFDT en rangs serrés contre une réforme paramétrique des retraites

La CFDT a clos vendredi son 50e Congrès, le dernier en tant que secrétaire général pour Laurent Berger, en affichant son unité et sa cohésion, malgré un débat sans concession sur le dossier des retraites, sujet sensible s'il en est au sein de la centrale.

Les congressistes ont approuvé vendredi matin par 90,91% des voix la résolution générale du premier syndicat français, c'est-à-dire sa feuille de route pour les quatre prochaines années.

Plus tôt dans la semaine, ils avaient adopté le rapport d'activité de la direction sortante à une très large majorité (89,5% des voix), et renouvelé ses instances dirigeantes avec le même enthousiasme: Laurent Berger, secrétaire général depuis 2012, a été réélu membre du Bureau national avec 96,68% des voix des délégués.

La semaine n'a pour autant pas été de tout repos pour le numéro un du premier syndicat français. "Un congrès de la CFDT sans les retraites, c'est un congrès où on s'emmerde !", avait plaisanté mercredi M. Berger, prémonitoire. Le sujet a suscité de fortes tensions au sein de la Confédération, que ce soit en 2003 (réforme Fillon) ou en 1995 (réforme Juppé).

Jeudi, les délégués ont approuvé largement (67,5% des voix exprimées) un amendement à la résolution générale affirmant que "l'allongement de l'espérance de vie ne peut justifier une augmentation de l'âge moyen de liquidation", et prenant l'exact contre-pied de la formulation initiale proposée par la direction.

Pour cette dernière, il ne s'agissait pas de suggérer une augmentation de la durée de cotisation, mais de rappeler sa position constante ses dernières années, selon laquelle le système de retraite "le plus juste" ne consiste pas à fixer un âge de départ mais une durée de cotisation, en lien avec l'espérance de vie.

- "Il faut des femmes" -

"Pas plus que nous ne réclamions de nouvelle hausse de la durée de cotisation hier, nous n'en réclamerons demain", a martelé M. Berger dans son discours de clôture.

Se félicitant de la "démocratie interne" à la CFDT, il a souligné sa cohésion, sous les applaudissements nourris de la salle: "la CFDT sera déterminée et unie sur les retraites !".

Auprès de la presse, M. Berger s'est réjoui que la direction de la CFDT soit dotée d"un "mandat clair" sur le sujet.

"Nous avons une feuille de route (...) Nous allons porter le 22 juin nos ambitions en terme de méthode, de contenu", à l'occasion de ce qui devrait être la première réunion du Conseil national de la refondation, cette instance de dialogue promise par le président de la République avant le premier tour des législatives.

Mercredi, M. Berger s'était engagé à participer pleinement à ces discussions, non sans poser des conditions: "notre exigence, ce sera la loyauté de nos interlocuteurs, du gouvernement, sa capacité d'écoute et sa volonté de compromis!".

Faute de dialogue réel, la CFDT pourrait entrer dans la "contestation" via des "mobilisations sectorielles" ou des "manifestations", a-t-il dit, en insistant sur la volonté du syndicat d'instaurer un "rapport de force" avec ses interlocuteurs.

M. Berger a souligné dans son discours de clôture la "force incroyable" de l'organisation, devenue la première organisation syndicale française en décembre 2018.

Il a solennellement confirmé aux adhérents qu'il s'agissait de son "dernier congrès comme secrétaire général", promettant de passer le témoin "durant ce mandat et dans la plus pure tradition CFDT, c'est-à-dire en toute tranquillité".

Le secrétaire général n'a pas donné de signaux particuliers concernant celui ou celle qui pourrait lui succéder. Les yeux sont néanmoins tournés vers sa numéro deux depuis 2018, Marylise Léon.

"Il faut des femmes, il n'y a pas eu de femme (à la tête de la CFDT) depuis Nicole Notat en 2002", souligne un membre de la commission exécutive. Mme Léon "fait une très bonne candidate. Elle est extrêmement costaude, intelligente, compétente et expérimentée", estime-t-il.

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