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La double vie de député

Un territoire comptant 240 communes dans la Drôme, 50.000 km parcourus par an, et chaque milieu de semaine des responsabilités politiques à Paris: la députée Célia de Lavergne reconnaît volontiers le "côté schizophrène" de sa fonction, "entre deux mondes" dont elle est "le liant".

Les mardis matins vers 5H15, l'élue de 42 ans quitte La Chapelle-en-Vercors où elle réside pour attraper le TGV de 6H30 à Valence. Cela lui permet d'être au Palais Bourbon dès 9H00 pour enchaîner rendez-vous, réunion de son groupe LREM, puis dans l'après-midi questions au gouvernement et réunion de sa commission des Affaires économiques.

Pour des auditions ou examens de textes, et parfois des rencontres avec des conseillers ministériels, elle reste le mercredi à Paris. Et davantage si elle est de permanence pour les votes dans l'hémicycle, une semaine sur 3 ou 4 - la pratique de ces tours de permanence est usuelle sous toutes les majorités et explique pour partie l'image d'un hémicycle souvent loin d'être comble.

L'année dernière, Célia de Lavergne, ingénieure diplômée de Polytechnique et des Ponts et Chaussées, a été co-rapporteure du projet de loi sur le climat. Elle a alors siégé trois semaines d'affilée, jours et nuits.

Changement total de cadre le reste de sa semaine: il est consacré au "terrain", un travail au long cours, moins visible et moins connu. Sa circonscription, la 3e de la Drôme, montagneuse, est l'une des plus étendues de France et conjugue "hyper ruralité" et zones proches de la dense vallée du Rhône.

"Parfois on me demande où est mon chauffeur... Mais non, je conduis moi-même!", s'exclame celle qui a sillonné la Drôme et visité nombre des 3.000 fermes de son ressort.

La députée dispose d'une permanence près de Valence, avec deux collaborateurs qui "bougent beaucoup eux aussi" (un autre est à Paris) - elle est réputée "exigeante" voire "dure" avec ses collaborateurs, selon une source LREM. Elle propose également des permanences décentralisées.

Pour financer ces activités, les parlementaires disposent d'une avance de frais de mandat de 5.373 euros mensuels, et d'un crédit pour la rémunération de leurs collaborateurs de 10.581 euros mensuels.

Les députés touchent eux-mêmes une indemnité de 7.240 euros bruts mensuels puisqu'ils lâchent la plupart du temps leur emploi pour leur mandat.

- "Tout donner" -

Avant l'épidémie de Covid, Célia de Lavergne animait des réunions publiques ou cafés citoyens les vendredis ou samedis soirs, puis elle s'est convertie aux Facebook lives.

Alors que les députés macronistes sont souvent accusés d'être déconnectés, elle met un point d'honneur à "aller vers".

Outre les visites d'entreprises ou établissements de santé, Célia de Lavergne est allée à la rencontre des élus locaux - elle-même n'a pas brigué d'autre mandat - et fait régulièrement des points avec préfet et sous-préfets sur l'application des textes de loi.

Au vu de son expérience, elle se prononce contre la réduction du nombre de parlementaires, une promesse du candidat Macron en 2017 qui n'a pas abouti et n'a pas été reprise durant la campagne présidentielle.

Celle qui revendique de ne pas "inaugurer les chrysanthèmes" a porté divers sujets régionaux au niveau national: pour enterrer les réseaux d'électricité après l'épisode de neige lourde en 2019, ou l'année suivante pour améliorer le "service universel" du téléphone fixe.

En parallèle, Célia de Lavergne, dont c'était le premier mandat il y a cinq ans, a été un temps "whip" (référente) de sa commission puis porte-parole du groupe LREM, avant de réduire ses voyages à Paris.

Car cette mère de trois enfants de 6, 9 et 12 ans, qu'elle élève avec son mari, admet que sa charge est "sans commune mesure" avec ce qu'elle a connu précédemment. Etre députée, "c'est à la fois une chance, un honneur, une responsabilité, et j'ai tout donné".

Elle se présente à nouveau aux élections législatives de juin, "pour servir le territoire": "Cinq ans que je suis en campagne!"

Célia de Lavergne aura face à elle notamment un candidat RN, Philippe Dos Reis, et une candidate de la nouvelle union de la gauche, Marie Pochon.

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