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La neige ABSENTE des pistes de ski dans les Pyrénées : quel avenir pour les stations ? (vidéo)

Les adeptes du ski doivent éviter les cailloux qui dépassent sur certaines pistes des stations des Pyrénées. C'est désormais une certitude, l'hiver 2019-2020 va rester dans les annales. Avec les températures élevées de ces dernières semaines, la neige est absente : cela ne fait pas le bonheur des touristes amateurs de ski, ni des exploitants.

"Enneiger des stations de ski par hélicoptère: aggraver le dérèglement climatique"

La ministre de l'Ecologie française reçoit ce jeudi des représentants de stations de ski après la décision de la Haute-Garonne de déverser de la neige par hélicoptère, pour évoquer l'avenir de certaines stations assombri par le changement climatique.

Elisabeth Borne s'entretiendra à partir de 17H00 avec "les représentants des professionnels et élus concernés par l'avenir des stations de ski pour travailler sur des solutions d'adaptation des stations de montagne au changement climatique".

Elle avait condamné ce week-end la décision de la Haute-Garonne de déverser de la neige par hélicoptère sur la station de Luchon-Superbagnères, dans les Pyrénées. L'opération avait duré deux heures et demie pour transporter environ 50 tonnes de neige.


 

Avant cela, la station de Montclar, située à 1.350 mètres d'altitude dans les Alpes, avait elle aussi transporté de la neige par hélicoptère. L'opération avait alors duré trois heures et nécessité 400 litres de gasoil.

"Enneiger des stations de ski par hélicoptère n'est pas une voie possible", avait jugé dimanche Elisabeth Borne.

"On ne peut pas à la fois avoir des stations qui sont victimes du dérèglement climatique, elles n'ont plus de neige et, en même temps, qu'elles contribuent à aggraver le dérèglement climatique", a précisé la ministre mercredi sur RMC.

Ces stations de ski doivent trouver "un autre modèle, c'est aussi une transition qu'il faut réussir", a-t-elle ajouté.

Cette opération hélicoptère a été décidée "afin de soutenir (...) la station, la ville de Luchon et les acteurs du tourisme, déjà fortement impactés par les conditions climatiques exceptionnelles", avait justifié le conseil départemental.

Pour Laurent Reynaud, directeur général de domaines skiables de France interrogé par RTL, il s'agit d'"une pratique tout à fait exceptionnelle". Il a souligné que les stations de ski font "vivre des territoires".

Si la réduction de l'enneigement touche depuis une quarantaine d'années la moyenne montagne, autour de 1.500 mètres, elle va désormais frapper plus haut, au dessus de 2.000 m, selon Météo-France.

Selon deux études publiées en 2019 impliquant Météo-France, qui portent sur les stations dans les Alpes et les Pyrénées, après 2050 "l'impact du réchauffement sur l'enneigement dans les stations est fort dès 1,5°C de réchauffement planétaire". Et, "au-delà de 3°C, la neige de culture ne suffit plus à compenser la réduction d'enneigement naturel".

Repenser le modèle des stations de ski et les transformer en "station quatre saisons" 

Dans les Pyrénées, le réchauffement climatique oblige les stations de sports d'hiver à repenser leur modèle, longtemps basé exclusivement sur le ski, pour devenir "quatre saisons" et proposer des activités de plus en plus diversifiées.

En Haute-Garonne, les dameuses de la station du Mourtis sont à l'arrêt et le télésiège, qui transporte habituellement les skieurs en haut du domaine, achemine désormais les promeneurs. L'un des téléskis a même été ouvert pour remonter les utilisateurs de trottinettes après leur descente.

"Bien sûr, avec la neige c'est plus sympa, mais sans la neige on va en profiter quand même", se console Pierre Virelizier, venu de Toulouse. "Le ski ce sera pour l'année prochaine ou plus tard dans la saison".

Devant les magasins de locations, les Fat Bike, ces vélos avec des roues surdimensionnées, ont remplacé les skis. Sur les pistes, recouvertes principalement de terre et d'herbe, on ne glisse plus mais on roule.

Des activités zumba, balade à poney, ski de randonnée à roulettes ou streching sont proposées à la place des habituelles descentes aux flambeaux et autres découvertes de airboard sur neige.

La semaine dernière, les responsables de cette station familiale ont annoncé la fermeture temporaire du domaine, faute de neige. Pour apercevoir l'or blanc en quantité, il faut regarder vers le haut des sommets qui entourent le site, culminant pour certains à plus de 3.000 mètres. 

"Elles doivent muter du "ski total" à un "ski accessoire"

"On est un peu déçues, on ne va pas dire le contraire, mais on fait autre chose. Il n'y a pas de neige mais il y a le soleil!", lancent Corine Rambon et Béatrice Barthe, deux habituées du Mourtis.

"Il faut commencer à se préparer et à être très réactif à ces aléas climatiques qui peuvent se reproduire", explique Christophe Esparseil, le directeur d'exploitation de la station.

"On a commencé à travailler sur des projets dits +quatre saisons+, pour pouvoir accueillir une clientèle autour des sports de pleine nature en cas de saison moins enneigée", précise-t-il.

Le conseil départemental de Haute-Garonne, qui a repris en 2018 la gestion de trois stations pyrénéennes, dont Le Mourtis, a annoncé 25 millions d'euros d'investissement sur les 5 prochaines années pour une reconversion touristique "quatre saisons".

"On le voit aujourd'hui, la neige va se raréfier en basse altitude", assure Georges Méric, son président (PS). "Il est évident que nos stations doivent se réformer. Elles doivent muter du +ski total+ à un +ski accessoire+ avec diversification des centres d'intérêt".

"Neige ou pas neige, les clients attendent maintenant d'autres activités que le ski", confirme Laurent Garcia, le directeur de la station Peyragudes, à cheval entre les Hautes-Pyrénées et la Haute-Garonne.


 

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