Accueil Actu

La retraite c'est "un dû, pas un privilège": paroles de manifestants

"Faire passer les retraités pour des nantis, c'est lamentable": présents en nombre dans les rues des principales villes de France jeudi, les retraités interrogés par l'AFP évoquent des pensions modestes ponctionnées après des vies de travail et d'efforts.

La hausse de la CSG, "ça fait de l'effet"

"J'en ai marre, je ne suis pas habituée à défiler, mais là c'est trop": Michèle Aznar, 68 ans, était sur la Canebière à Marseille pour exprimer sa colère face à la nouvelle ponction sur sa retraite, avec la hausse de la CSG. "Déjà il y avait eu la disparition de la demi-part des veuves, qui avait gonflé mes impôts de 600 euros par an, et maintenant la hausse de la CSG: 60 euros de moins par mois, soit 720 euros par an", calcule cette ancienne employée d'une société HLM. "Sur une retraite de 1.500 euros par mois, avec en prime les 500 euros de la pension de réversion de mon mari, (...) ça fait de l'effet…", dit-elle.

"Heureusement qu'on a des combines"

"J'ai 30 euros de moins sur une retraite de 1.800 euros, je vais pas au restau, je fais rien, je vais pas au cinéma", raconte Danielle Dumoulin, ancienne technicienne chez Orange dans la manifestation lyonnaise. "Il faut trouver des bons plans, on se débrouille entre nous. J'ai 200 euros de charges pour l'habitation, mais après il y a l'assurance, la voiture, si vous additionnez tout. Les vacances, heureusement qu'on a des combines, on arrive à partir ensemble, on fait notre popote".

"C'est pas le Pérou"

"Entre décembre et janvier, j'ai perdu 32 euros sur ma retraite mensuelle. Pourtant, 1.500 euros par mois, c'est pas le Pérou", explique Catherine, 62 ans, ancienne de France Telecom qui défile à Rennes. "Franchement, faire passer les retraités pour des nantis, c'est lamentable, c'est irrespectueux, pour tout le travail qu'on a fourni".

"Les cotisations, c'est cher"

Jeannine, qui manifeste aussi à Rennes, a travaillé comme femme de ménage, puis en usine. "J'ai même été déléguée syndicale", dit-elle, "mais je ne suis plus syndiquée. Avec les petites retraites qu'on a, c'est encore ça en moins chaque mois: les cotisations, c'est cher". Elle a perdu 30 euros par mois entre décembre et janvier.

"Aucune reconnaissance"

Dans la manifestation parisienne, Francine, 58 ans, ex-SNCF depuis quelques mois, percevra 50 euros de moins sur environ 2.500 euros mensuels. "Quand je suis partie en retraite, on m'a dit: +votre pension, ce sera tant+. Évidemment, je ne suis pas contente de perdre plusieurs centaines d'euros par an", dit-elle. "Notre chef d'État est complètement borné, il n'a aucune reconnaissance et il est insolent".

"Un dû, pas un privilège"

C'est "tout à fait exceptionnel, voire c'est une première, d'avoir autant de retraités dans les rues d'Aurillac", où la manifestation a réuni plusieurs centaines de personnes, souligne Christian Auzolle, secrétaire général de l'Union syndicale des retraités (USR) CGT du Cantal. "Ils peuvent subir une perte de pouvoir d'achat allant de 300 à 1.000 euros, tandis que le gouvernement choisit de supprimer l'impôt sur la fortune pour les privilégiés. Or la retraite, c'est un dû, pas un privilège, gagné au bout de plus de 40 années de cotisations".

"On attaque les petits"

A Reims, Mohamed Jaafari, 73 ans, retraité du secteur alimentaire, déclare toucher 1.086 euros par mois. Il vit avec son épouse, sans emploi. "On a une baisse par rapport à notre petite retraite, ça pose réellement des problèmes. Le président de la République avait promis la lune lors des élections et finalement le constat est réel: on attaque les petits, les retraités, ceux qui ont travaillé toute leur vie. Les efforts, on les a déjà faits et on les demande toujours aux petits. Le président, il prend aux petits et il donne aux gros".

burs-cel/cbn

À lire aussi

Sélectionné pour vous