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La Réunion: une enquête ouverte pour "apologie du terrorisme" après une agression au couteau

Une enquête pour "apologie du terrorisme" a été ouverte samedi après une agression au couteau, menée par un jeune de 20 ans qui a crié "Allah Akbar" dans un commissariat de Saint-Denis de La Réunion, après plusieurs attaques récentes en métropole.

L'agression n'a pas fait de blessé, a précisé à l'AFP le procureur de Saint-Denis, Éric Tuffery, qui a également retenu le chef de "violences volontaires". Le suspect a été placé en garde à vue.

Le jeune homme a sonné vers 14H00 (11H00 à Paris) au portillon donnant accès au commissariat et s'est fait ouvrir la porte par un policier en faction.

Il est alors entré dans le bâtiment et s'est immédiatement jeté sur une jeune femme qui se trouvait dans le hall et qui, selon les premiers éléments de l'enquête, n'a aucun lien avec son agresseur. Il lui a placé un couteau sous la gorge et les policiers l'ont alors mis en joue, le sommant à plusieurs reprises de lâcher son arme.

L'individu a fini par obtempérer et a été maîtrisé par les agents.

Selon le procureur, il a crié "Allah Akbar" ("Dieu est le plus grand", en arabe) lorsqu'il a été plaqué au sol.

Originaire de Mayotte, le jeune homme vivait à La Réunion depuis plusieurs années. Il était connu des services de police, selon une source proche du dossier, qui n'a pas fourni davantage de précisions.

ses motivations ne sont pas connues à ce stade.

- Une première à La Réunion -

Cette attaque intervient quelques jours après la visite du président Emmanuel Macron à La Réunion et à Mayotte, marquée par des heurts dans un quartier de Saint-Denis et dans la ville du Port entre quelques manifestants et des forces de l'ordre.

Elle s'incrit dans un contexte de menace terroriste constante en France depuis la vague d'attentats jihadistes sans précédent amorcée en 2015, dont une dizaine ont visé des forces de l'ordre.

C'est en revanche la première fois qu'une agression de ce type se produit à l'intérieur d'un commissariat de La Réunion.

Le parquet national antiterroriste (PNAT), basé à Paris et compétent pour toutes les infractions liées au terrorisme, ne s'est pour l'heure pas saisi de ce dossier.

À La Réunion, en 2017, à Saint-Benoît, à l'est de l'île, un homme soupçonné de radicalisation islamiste avait tiré au fusil sur les policiers venus l'interpeller à son domicile. Deux fonctionnaires de police avaient été blessés.

En 2015, une filière jihadiste, la première en outre-mer, avait par ailleurs été démantelée à La Réunion. Elle était dirigée par un prédicateur salafiste âgé de 21 ans, qui avait incité plusieurs jeunes de La Réunion à partir faire le jihad en Syrie.

Sur l'ensemble du territoire, le caractère terroriste n'a jusqu'à présent été démontré que pour deux attaques: l'agression au couteau en mars de deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne) par un détenu radicalisé, et l'attentat au colis piégé devant une boulangerie de Lyon en mai, qui avait blessé 14 personnes.

L'enquête sur la tuerie perpétrée début octobre à la préfecture de police de Paris, bien que confiée à des juges d'instruction antiterroristes, n'a pas encore pu déterminer officiellement les motivations de Mickaël Harpon, l'agent soupçonné de radicalisation qui a tué au couteau quatre de ses collègues avant d'être abattu.

L'attaque de la mosquée de Bayonne, commise fin octobre par un ancien militant d'extrême droite qui a blessé deux fidèles musulmans à l'arme à feu, n'a pas fait l'objet d'une saisine par le parquet antiterroriste.

En près de cinq ans, la vague d'attentats en France a fait 255 morts, si l'on inclut ceux de la préfecture de police. Au total, 60 attentats ont été déjoués depuis 2013, dont le dernier fin septembre 2019: un homme "qui voulait s'inspirer du 11 septembre" 2001 aux Etats-Unis, selon le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.

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