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Lancement mardi d'un "Grenelle" attendu contre les violences conjugales

Pressé d'agir contre le fléau des violences faites aux femmes, le gouvernement lance mardi à Matignon un "Grenelle" que les associations et proches de victimes de féminicides espèrent voir déboucher sur des mesures immédiates et des moyens accrus.

Ce rendez-vous très attendu s'ouvre alors qu'une centaine de femmes ont été tuées par leur conjoint ou ancien concubin depuis le 1er janvier dernier, selon un décompte d'un collectif militant, "Féminicides par compagnon ou ex".

Le ministère de l'Intérieur a recensé 121 féminicides pour toute l'année 2018, soit un tous les trois jours.

Plus largement, le gouvernement veut faire reculer les violences physiques ou sexuelles dont sont victimes quelque 220.000 femmes chaque année dans un cadre conjugal, selon les données officielles.

"Ce qui va permettre d'agir efficacement (...), c'est une action coordonnée", a souligné la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, lors d'une rencontre avec la presse.

Le gouvernement affichera mardi sa mobilisation: autour du Premier ministre Edouard Philippe et de Marlène Schiappa seront réunis Nicole Belloubet (Justice), Christophe Castaner (Intérieur), Jean-Michel Blanquer (Education), Julien Denormandie (Logement) et Adrien Taquet (Protection de l'enfance).

Des "annonces fortes" seront faites dès le premier jour du Grenelle, a promis Mme Schiappa.

Environ 80 personnes ont été conviées à Matignon - agents publics, responsables associatifs, acteurs de terrain, policiers, gendarmes, magistrats et avocats, ainsi que des proches de victimes de féminicides.

Cette concertation qui doit s'achever le 25 novembre, lors de la journée pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, sera aussi déclinée en 91 "Grenelles" locaux, selon Mme Schiappa.

Les associations devraient axer leurs revendications autour de l'hébergement des victimes, du fonctionnement de la justice et de la formation des policiers et gendarmes, régulièrement accusés de refuser d'enregistrer certaines plaintes.

Associations et militantes féministes dénoncent aussi un criant manque de moyens. Le collectif #NousToutes réclame un milliard d'euros pour mieux prévenir les violences faites aux femmes, loin des 79 millions d'euros de crédits spécifiquement alloués à cette lutte, selon une étude menée par cinq organisations.

- "Fonds spécial" d'un million -

Mme Schiappa a annoncé dès jeudi, dans un entretien à Ouest-France, la création d'un "fonds spécial" contre les féminicides d'un million d'euros à destination d'"associations de terrain", un dispositif expérimenté dans trois régions (Pays de la Loire, Hauts-de-France et Bourgogne).

Mais le "Grenelle des violences conjugales" ne fait pas l'unanimité. "Cela n'a pas grand sens de faire une grande réunion de trois mois pour parler de solutions qu'on a depuis dix ans", tacle Caroline De Haas, membre du collectif #NousToutes qui, non-constitué en association, ne participera pas à l'événement.

"Le Grenelle est une façon comme une autre de ne rien faire", avait attaqué la comédienne Eva Darlan lors d'un rassemblement, mercredi, sur le parvis de l'hôtel de ville de Paris.

"Toute instance de consultation est utile et nécessaire", estime au contraire Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale Solidarité femmes (FNSF), qui souligne que des financements supplémentaires ont été apportés début juillet au numéro d'écoute 3919 opéré par son organisation.

Marie Cervetti, de l'association "FIT, une femme, un toit", place elle aussi "beaucoup d'espoir en ce Grenelle", et appelle à un "socle stratégique pour combattre les violences sexistes et sexuelles".

Quoi qu'il en soit, la mobilisation de la société civile pourrait s'inscrire dans la durée. Le groupe "Féminicides par compagnon ou ex" a appelé à une "marche vers le Grenelle" mardi. Et les militantes et militants féministes ont d'ores et déjà prévu de descendre en nombre dans la rue le samedi 23 novembre, deux jours avant la clôture du Grenelle.

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