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Le Cambodge criminalise la diffamation royale

Le gouvernement cambodgien a finalisé un projet de loi punissant d'un à cinq ans de prison la diffamation royale, une décision qui inquiète les défenseurs des droits de l'homme qui dénoncent un renforcement de l'arsenal servant à harceler l'opposition.

Jusqu'ici, la diffamation royale n'existait pas dans le code pénal cambodgien, contrairement à la Thaïlande voisine qui possède l'une des lois les plus sévères au monde en la matière.

Le nouvel article, qui doit être ajouté au code pénal une fois approuvé par le Parlement cambodgien, vise "maintenir et protéger la réputation et le nom royal", a expliqué le porte-parole du gouvernement, Phay Siphan.

"Les insultes envers le roi seront punies d'un à cinq ans de prison et d'une amende 2.500 dollars", a-t-il précisé.

La puissance de la monarchie constitutionnelle cambodgienne a considérablement diminué ces dernières décennies, durant lesquelles le Premier ministre Hun Sen s'est arrogé tous les pouvoirs.

Le roi Norodom Sihamoni, qui a pris le trône en 2004, est considéré comme une figure purement symbolique. Mais il est très respecté par les Cambodgiens.

Sa vie calme et sans éclats contraste avec celle de son père Norodom Sihanouk, politiquement ambitieux et qui s'est publiquement opposé à Hun Sen.

Mais cette nouvelle loi inquiète les défenseurs des droits de l'homme.

Il y a un "risque réel que cette loi sur le lèse-majesté vienne s'ajouter à l'arsenal des lois actuellement utilisées de façon abusive par le gouvernement cambodgien pour écraser l'opposition", a estimé auprès de l'AFP Kingsley Abbot de la Commission internationale des juristes (CIJ).

Dans la Thaïlande voisine, la loi sur le lèse-majesté est appliquée de façon de plus en plus stricte par les militaires au pouvoir, et certaines personnes sont derrière les barreaux pour plusieurs décennies.

Chaque délit de diffamation du roi, de la reine, de l'héritier ou du régent est passible de trois à quinze ans de prison. Les rares médias, y compris internationaux, qui évoquent ces affaires, s'autocensurent et ne donnent aucun détail des accusations, de crainte de tomber eux-mêmes sous le coup de la loi.

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