Accueil Actu

Le gouvernement esquisse sa stratégie pour l'enfance en danger

Prévention dès la grossesse, suivi psychologique des enfants placés, formation des professionnels: le gouvernement a esquissé lundi les grandes lignes d'un plan visant à améliorer la protection de l'enfance, des mesures qui devront être "finalisées" d'ici l'été.

Cette future stratégie, présentée lundi matin devant le Conseil national de la protection de l'enfance, sera soumise à concertation, a précisé lors d'une conférence de presse la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn.

La feuille de route gouvernementale doit être "présentée d'ici l'été pour qu'un certain nombre de mesures puissent déjà être inscrites au projet de loi de finances 2020", a précisé le nouveau secrétaire d'Etat chargé du dossier, Adrien Taquet.

L'accent sera mis sur la prévention: "avant de se dire +il faut placer des enfants+, essayons de mieux accompagner les parents", a-t-il dit.

Il s'agit de créer "des parcours de périnatalité pour les parents" dès le 4e mois de grossesse et de renforcer le suivi après la naissance, avec la protection maternelle et infantile.

Deuxième axe, "mobiliser contre les violences faites aux enfants" et encourager les citoyens à signaler les cas. Actuellement, "moins d'une personne sur quatre, face à une suspicion de violence, va effectivement la signaler", a-t-il déploré.

Le troisième axe porte sur la prise en charge par l'Aide sociale à l'enfance. Le gouvernement veut notamment mettre l'accent sur la formation des professionnels, et réfléchir aux conditions de leur recrutement. "Aujourd'hui on s'aperçoit que le minimum de formation nécessaire n'est pas forcément respecté, et que ça peut déboucher sur des situations de maltraitance", selon M. Taquet.

Il s'agira aussi d'assurer une "exécution plus rapide" des mesures judiciaires de placement, a noté le secrétaire d'Etat, soulignant que les délais de prises en charge étaient "assez hétérogènes" sur le territoire.

Un documentaire diffusé dans "Pièces à conviction" sur France 3 le 16 janvier montrait des lacunes alarmantes du circuit de protection de l'enfance: jeunes ballotés de familles d'accueil en foyer, éducateurs sans formation, maltraitances dans les foyers...

Face à la baisse du nombre de familles d'accueil, le gouvernement évoque également une "réflexion" sur la manière de rendre "plus attractif" ce mode de prise en charge, et souhaite ouvrir la question de l'adoption simple dans les familles d'accueil, une procédure aujourd'hui très complexe.

- Des jeunes à la rue à 18 ans -

Mme Buzyn a pour sa part confirmé deux pistes avancées en novembre dernier: la prise en charge à 100% du parcours de soin des enfants de l'aide sociale à l'enfance, et un soutien pour que ces jeunes aux "parcours scolaires chaotiques" puissent mieux accéder aux études supérieures, via des bourses et des places dans les internats.

Désormais, "un enfant pourra voir un psychologue remboursé à 100%" et "une mission va être lancée sur les CMP, les centres médico-psychologiques (...) qui ont des délais de rendez-vous trop longs", a ajouté Mme Buzyn.

Pour aider les jeunes qui, à 18 ans, subissent une "sortie sèche" des services de protection de l'enfance, et doivent soudain voler de leurs propres ailes, le gouvernement propose "d'établir un référentiel de bonnes pratiques, et d'inciter les départements à les mettre en oeuvre pour accompagner ces enfants en échange de moyens supplémentaire alloués par l'Etat", précise M. Taquet.

Faute de soutien, certains se retrouvent à la rue: un SDF sur quatre est un ancien enfant placé.

Aujourd'hui les disparités entre départements sont criantes: selon un avis récent du Conseil économique et social, les taux de prise en charge des jeunes de 18 à 21 ans varient de 9% à 21,4%.

Le gouvernement veillera, a précisé à ce propos M. Buzyn, à une "égalité de traitement" des jeunes concernés.

Il ne s'agit pas pour l'Etat de procéder à une "centralisation" du processus, mais d'être "le garant de l'effectivité des politiques publiques", a-t-elle fait valoir.

341.000 mineurs font l'objet d'une mesure de protection de l'enfance en France (fin 2017), dont plus de la moitié sont placés en institution ou dans des familles d'accueil.

Dans un communiqué publié lundi soir, le département de Seine-Saint-Denis, dirigé par le socialiste Stéphane Troussel, a relevé "deux grands oubliés" dans cette stratégie, citant "l'absence de moyens" et regrettant qu'elle "oublie les mineur(e)s non accompagné(e)s".

À lire aussi

Sélectionné pour vous