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Le hacker franco-israélien Ulcan renvoyé aux assises pour un canular mortel

Un article qui lui déplaît, un canular extrême en représailles, une victime qui fait une crise cardiaque et finit par mourir: cinq ans plus tard, le hacker franco-israélien Ulcan, installé en Israël sans intention de revenir, a été renvoyé mardi aux assises par un juge d'instruction parisien.

Son avocat a annoncé faire appel de cette décision, dénonçant une procédure à charge et non-contradictoire.

A l'été 2014, Ulcan, de son vrai nom Grégory Chelli, adepte du piratage de sites pro-palestiniens ou de médias, avait multiplié les représailles contre le site Rue89, mécontent du portrait qui lui avait été consacré.

Le 29 juillet et le 1er août, le trentenaire, déjà connu pour les canulars poussés à l'extrême de son site "ViolVocal", avait ciblé à deux reprises les parents de l'auteur, Benoît Le Corre.

Piratant leur ligne téléphonique, l'activiste avait d'abord fait croire aux époux Le Corre à leur mort de leur fils. Puis il s'était fait passer auprès des forces de l'ordre pour un homme retranché qui avait tué sa femme et son bébé, donnant l'adresse du couple. Une vingtaine de policiers avaient cerné la maison à 4h30 du matin.

Quatre jours plus tard, le père du journaliste était victime d'un infarctus, avant de décéder un mois et demi plus tard.

"Le lien de causalité entre ces violences et le décès de M. Le Corre apparaît parfaitement établi au vu des éléments médicaux (...) lesquels relèvent qu'il existe +un lien direct et certain entre ces deux situations extrêmement stressantes et la survenue quelques jours plus tard d'un accident coronaire+ sans néanmoins +pouvoir préciser le pourcentage de responsabilité de ce stress vis-à-vis de la survenue de cet arrêt cardiaque+", compte-tenu de ses antécédents cardiaques, écrit le juge d'instruction dans son ordonnance rendue lundi et dont l'AFP a eu connaissance.

En conséquence, le juge a ordonné mardi qu'il soit jugé devant un jury populaire pour des "violences volontaires avec préméditation ayant entraîné la mort sans intention de la donner" et pour plusieurs délits connexes.

L'été dernier, le parquet de Paris s'était déjà prononcé en faveur d'un renvoi aux assises, mais un nouveau juge d'instruction avait décidé de rouvrir l'enquête pour donner l'occasion à Ulcan de se présenter librement à une convocation, le 11 janvier. Ce que le hacker a refusé, dénonçant par la voix de son avocat une convocation tardive destinée à "donner l'illusion de la contradiction".

- "Tout sauf loyale" -

"Il est fantaisiste de considérer que ces faits auraient conduit à la mort, aucune expertise loyale ne peut le confirmer", a réagi l'avocat du hacker, Me Gilles-William Goldnadel. "Je ne vais pas conseiller à mon client de se présenter alors que la procédure est tout sauf loyale", a-t-il ajouté, scandalisé par les procédés "inouïs" des magistrats qui se sont succédé sur le dossier.

"Je suis très choqué par la lâcheté du bonhomme, il se présente comme un héraut de la cause israélienne et il n'est pas capable de se confronter aux gens qui l'accusent", a déclaré pour sa part Me Antoine Comte, avocat de la famille Le Corre.

A l'époque des faits, l'activiste controversé venait de quitter la France, le 31 décembre 2013, pour s'installer en Israël, dont il a obtenu la nationalité trois mois plus tard.

Le juge ordonne également que cet ancien membre de la Ligue de défense juive (LDJ), un groupuscule de jeunes sionistes radicaux, soit jugé pour ses autres canulars. Ceux-ci avaient ciblé un policier et plusieurs journalistes tels qu'Aymeric Caron et le directeur de Rue89, Pierre Haski.

Ce dernier, également défendu par Me Comte, avait été aussi victime d'une mise en scène déclenchant l'intervention des forces de l'ordre le 8 août 2014 à Paris.

Le juge ordonne aussi son procès pour "dénonciations mensongères" et "calomnieuse", "appels téléphoniques malveillants réitérés", "usurpations d'identité", "outrage" et "menaces de mort", entre autres.

Une information judiciaire parallèle, ouverte à l'été 2014, est par ailleurs toujours en cours à Paris sur les actes de piratage informatique, pour certains revendiqués par Ulcan et qui avaient touché les sites de Radio France, Rue89, Mediapart et Libération.

Dans cette procédure, Ulcan avait pu être interrogé en Israël par les enquêteurs français en juillet 2015.

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