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Le prélèvement à la source suspendu aux doutes d'Emmanuel Macron

L'entrée en vigueur du prélèvement à la source au 1er janvier n'est plus certaine: Emmanuel Macron a annoncé jeudi qu'il attendait "des réponses précises" avant de décider, après des mois de préparation du pays à cette réforme majeure.

"J'ai plutôt l'intention de conduire cette réforme à son terme, mais j'ai demandé aux ministres compétents de répondre à toutes les questions qui se posent encore, avant de donner une directive finale", a dit le président au cours d'une conférence de presse à Helsinki.

"J'ai besoin d'une série de réponses très précises et d'être sûr de ce que nos concitoyens vivront le jour où on le mettra en place si on le met en place", a-t-il ajouté.

Dimanche, le Premier ministre Edouard Philippe avait déjà semé le doute en promettant de faire "le point" d'ici quelques semaines.

Lancée sous le quinquennat précédent, la réforme, qui va concerner près de 38 millions de foyers fiscaux, avait déjà été retardée d'un an par le gouvernement d'Edouard Philippe à son arrivée.

L'impôt sera collecté directement sur les salaires ou les retraites, et non plus acquitté un an après comme c'est le cas actuellement.

Depuis plusieurs jours, les contribuables voient arriver dans leur boîte aux lettres leur avis 2018 assorti d'un taux d'imposition qui leur sera applicable à compter de janvier 2019.

"La modernisation de l'impôt est une chose positive qui doit être soutenue par l'ensemble de l'opinion publique" et il faut s'assurer "qu'il n'y ait pas de bug informatique", a expliqué sur CNews le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, à la suite de la déclaration de M. Macron.

"Le président de la République sait que c'est une réforme importante qui peut semer le trouble. On sait qu'il peut y avoir des couacs", a souligné sur BFMTV le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement Christophe Castaner.

"Et Gérald Darmanin répond que tout va bien se passer (...) il va apporter toutes les réponses dont le président de la République a besoin. C'est un sujet sur lequel il faut rassurer", a-t-il ajouté.

La direction générale des finances publiques (Dgfip) a enfoncé le clou jeudi dans un tweet assurant que le "calendrier serait tenu", assorti d'un hashtag +gauloispasréfractaire+, en un clin d'oeil aux propos d'Emmanuel Macron. Elle a ensuite supprimé ce message en raison des commentaires qu'il a suscités.

Des réunions sur le sujet doivent avoir lieu tout le mois de septembre, avait encore indiqué M. Darmanin lundi.

- ajustements et craintes -

La mise en œuvre du dispositif suscite la préoccupation de chefs d'entreprise et de syndicats, qui s'inquiètent de possibles failles ou angles morts.

Le gouvernement a déjà procédé à des ajustements ces dernières semaines: début juillet, il a ainsi annoncé un report à 2020 du prélèvement à la source pour les employés de particuliers-employeurs, en raison du retard pris dans la mise en œuvre de la plateforme informatique dédiée aux déclarations de salaires.

Mi-août, l'exécutif a de nouveau revu sa copie en annonçant un mécanisme permettant aux entreprises de moins de 20 salariés de se décharger de la collecte de l'impôt, via le dispositif Titre emploi service entreprise (Tese), utilisé pour les cotisations Urssaf.

"Il est normal que nous nous assurions que les détails soient bien clairs", a souligné Emmanuel Macron au côté du Premier ministre finlandais Juha Sipila, qui a vanté le prélèvement à la source, appliqué dans son pays depuis des décennies, comme dans la majorité des pays industrialisés.

La réforme est critiquée par des responsables de l'opposition, comme Laurent Wauquiez (LR), qui a demandé mercredi à l'exécutif d'y renoncer, jugeant qu'il était "encore temps" d'arrêter une réforme "qui va dans le mur".

Alexandre Derigny, de la CGT Finances publiques, estime de son côté qu'"on est au-devant de toute une série de problèmes qui sont pour certains sans solution".

Au-delà des risques techniques, c'est l'impact psychologique de la réforme qui provoque des sueurs froides -- notamment au sein de la majorité, où l'on redoute une vague de mécontentement lorsque les Français verront leur salaire net baisser.

Des craintes écartées par le gouvernement, qui rappelle que les Français ont actuellement tendance à "sur-épargner en prévision des impôts futurs", ce qui nuit à la consommation.

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