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Législatives en France: qui est Rachel Keke, première femme de chambre élue à l’Assemblée nationale?

La figure de la lutte des femmes de chambre de l'Ibis Batignolles Rachel Keke face à Roxana Maracineanu, l'ancienne ministre et championne de natation. Dans la 7e circonscription du Val-de-Marne, c'est le duel que toute la France attendait. Et c'est finalement la syndicaliste Rachel Keke, figure de la grève des femmes de chambre de l'Ibis Batignolles, qui a battu de justesse l'ex ministre des Sports Roxana Maracineanu, avec 50,30% des voix.

Au premier tour, les électeurs s'étaient nettement mobilisés pour Rachel Keke, (37,22% des voix contre 23,77% pour sa rivale LREM). L'avance de Rachel Keke a fondu: elle l'a emporté avec moins de 200 voix d'avance, l'ancienne championne de natation ayant pu compter sur le report des voix du candidat LR, Vincent Jeanbrun, qui avait fait 18,32% au premier tour.

Mais qui est cette femme de chambre qui va se retrouver à l'Assemblée nationale?

Agée de 47 ans et forte d'un parcours rempli d'épreuves qui détonnent dans le monde politique, la Franco-Ivoirienne est sans doute la plus emblématique des figures issues des luttes syndicales et associatives que la coalition de gauche a mis en avant dans ces élections.

"C'est ce que j'appelle une leader de masse", dit d'elle le député LFI Eric Coquerel.

"Elle a quelque chose qui magnétise, elle est forte, elle a les mots justes, elle n'a pas besoin de lire" lors de ses prises de parole, déroule-t-il.

C'est lors des 22 mois de grève des femmes de chambre de l'hôtel Ibis Batignolles à Paris, pendant lesquels Rachel Keke portait les revendications de ses collègues, qu'Eric Coquerel a fait sa connaissance.

Entre 2019 et 2021, cette militante CGT s'est mobilisée pour améliorer les salaires et les conditions de travail des femmes de ménage face au "mépris" de la direction.

"C'est une vraie combattante, quand on l'a rencontrée dans le cadre de cette grève elle s'est très vite affirmée comme représentante de ses collègues", explique Claude Lévy, représentant de la CGT-HPE (Hôtels de prestige et économiques), ne tarissant pas d'éloges sur cette "autodidacte de la lutte".

Cet hôtel devant lequel Rachel Keke a commencé à se tailler une réputation syndicale et politique, elle a continué d'y travailler pendant le début de sa campagne avant de prendre un congé pour se consacrer pleinement aux législatives.

"C'est un métier qui détruit le corps. Il y a des syndromes du canal carpien, des tendinites, des maux de dos...", détaille-t-elle à l'AFP, se souvenant encore de cette sensation, "comme si on (lui) avait donné des coups partout", après son premier jour en tant que femme de ménage, en 2003.

"Mais je me suis dit qu'il fallait que je prenne mon courage à deux mains, pour mes enfants", se rappelle-t-elle.

"Pas loin d'une icône" 


Mère de cinq enfants, Rachel Keke est née en 1974 dans la commune d'Abobo, au nord d'Abidjan, d'une mère vendeuse de vêtements et d'un père conducteur d'autobus.

A 12 ans, au décès de sa mère, c'est elle qui se retrouve en charge de ses frères et soeurs.

Elle arrive en France en 2000 et commence à travailler comme coiffeuse avant d'entrer dans l'hôtellerie.

Dans l'Hexagone son parcours est chaotique: elle déménage souvent, alternant entre les squats ou les appartements d'amis en banlieue parisienne, avant de se fixer grâce au DAL (Droit au logement).

Naturalisée française en 2015 - un pays qu'elle "adore" et pour lequel avait combattu son grand-père pendant la Seconde Guerre mondiale - elle habite maintenant les Sorbiers, une cité de Chevilly-Larue (Val-de-Marne) d'où elle a lancé sa campagne pour les législatives.

Avec toujours le même message: "secouer le cocotier" à l'Assemblée.

"Nous ne sommes pas des rebelles, on veut juste notre dignité", a-t-elle lancé devant les acclamations des 200 amis et militants venus la soutenir.

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