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Législatives en Malaisie: Mahathir, l'ex-homme fort qui a soif de pouvoir à 92 ans

Quinze ans après avoir quitté le pouvoir en Malaisie, Mahathir Mohamad espère redevenir Premier ministre à 92 ans. Ce battant est le candidat de la coalition d'opposition qui défie son ex-allié Najib Razak aux législatives mercredi.

Dans le cas peu probable d'une victoire face à la coalition des partis au pouvoir depuis l'indépendance de cette ex-colonie britannique d'Asie du Sud-Est en 1957, Mahathir deviendrait le Premier ministre le plus âgé au monde.

Cet ancien médecin, qui a fait ses débuts en politique en 1964, a dirigé la Malaisie d'une main de fer pendant 22 ans (1981-2003). Il est revenu sur le devant de la scène politique pour tenter d'écarter Najib, son ancien protégé englué dans un scandale de détournements de plusieurs milliards d'euros au détriment du fonds souverain 1MDB, créé à son arrivée au pouvoir en 2009 pour moderniser le pays.

La volte-face de Mahathir était impensable il y a encore quelques années. Mais le nonagénaire, excédé par l'affaire 1MDB et les agissements de Najib accusé par ses détracteurs de vouloir étouffer le scandale, a rejoint les rangs de l'opposition. Il s'est même allié à des partis qu'il avait interdits du temps où il était au pouvoir, reprenant les commandes de la formation qu'il avait un temps dirigée.

Si certains considèrent Mahathir comme le père fondateur de la Malaisie moderne, crédité pour avoir développé ce pays relativement riche, d'autres lui reprochent d'avoir jeté en prison des opposants et exacerbé les tensions ethniques dans cette nation multiethnique.

Mahathir était notoirement connu pour ses attaques au vitriol contre ses ennemis, dénonçant le néo-colonialisme occidental. Il avait traité les Européens de radins et les avait accusés de pratiques sexuelles déviantes.

- Le meilleur atout -

Aux législatives mercredi, la coalition d'opposition Le Pacte de l'Espoir mise sur les liens entre Mahathir avec les Malais ethniques des campagnes pour faire de lui le meilleur atout.

Le nonagénaire a attiré vers l'opposition des électeurs malais d'ordinaire favorables aux formations de la coalition réunies au sein du Barisan Nasional (Front national, BN), qui s'ajoutent aux soutiens traditionnels de l'opposition -- les électeurs des villes et des minorités, en particulier la minorité chinoise qui représente environ un quart de la population.

Au cours de la campagne, il a participé à de nombreux meetings électoraux dans le pays, critiquant Najib pour sa mauvaise gestion de l'économie et le scandale 1MDB.

"La plus grande erreur de ma vie est d'avoir choisi Najib" pour qu'il devienne Premier ministre, a lancé Mahahtir devant ses soutiens, ajoutant: "je veux corriger cette erreur".

Mais le BN de Najib a une solide emprise sur le pouvoir, et le redécoupage électoral effectué peu avant les élections favorise les formations du gouvernement, critiquent des opposants et représentants de la société civile.

L'aspect le plus spectaculaire du retour de Mahathir est sa réconciliation avec son ancien ennemi juré Anwar Ibrahim.

Ce dernier avait été le bras droit de Mahathir du temps où il était Premier ministre, puis limogé en 1998 en raison de divergences politiques. Passé dans l'opposition, Anwar a ensuite été condamné et emprisonné au terme d'un procès controversé pour sodomie et corruption. L'opposant a de nouveau été condamné en 2015, sous Najib, à cinq de prison pour sodomie, en vertu d'un jugement tout aussi controversé que le précédent.

S'il remporte les élections, Mahathir a promis de céder le place à Anwar une fois sorti de prison.

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