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Les Corses aux urnes, les nationalistes en position de force

Les Corses étaient appelés aux urnes dimanche pour désigner les 63 élus de la nouvelle collectivité territoriale unique qui verra le jour le 1er janvier, un scrutin marqué par une faible participation à 17H00 et qui devrait - sauf énorme surprise - voir triompher les nationalistes.

Les 538 bureaux de vote ont ouvert à 08H00 et ont fermé à 18H00, avec des résultats attendus en soirée.

Selon le ministère de l'Intérieur, le taux de participation était de 44,63% dimanche à 17H00. Au premier tour, la participation était quasiment équivalente à la même heure, à 45,75%, loin des 60,33% enregistrés lors du second tour des élections territoriales remportées par les nationalistes en décembre 2015.

Dans la mairie de Bastia, où se tenait le bureau de vote central de la ville, Gilles Simeoni est arrivé quelques minutes avant la fermeture, a constaté l'AFP sur place. Le grand favori du scrutin, élu maire de Bastia en 2014, a assisté au dépouillement sous les regards de nombreux journalistes.

Forte de son score triomphal (45,36%) lors d'un premier tour déjà marqué par une forte abstention (47,90%), la liste Pè a Corsica (Pour la Corse) emmenée par l'autonomiste Gilles Simeoni et construite avec les indépendantistes de Jean-Guy Talamoni, paraît en position de conforter son score, notamment grâce au probable transfert de l'essentiel des 6,69% des voix obtenues par le petit parti indépendantiste U Rinnovu au premier tour.

Si le Rinnovu a refusé de négocier un rapprochement avec Pè a Corsica et n'a pas donné de consignes de vote, Paul-Felix Benedetti, sa tête de liste, s'est félicité au soir du premier tour que "les nationalistes dans leur globalité aient obtenu la majorité absolue". Il a également dit qu'à titre personnel, il voterait pour la liste de Pè a Corsica.

Pè a Corsica devrait également bénéficier de la prime au vainqueur prévue par ce scrutin à la proportionnelle, soit 11 sièges attribués à la liste arrivée en tête au second tour.

Les trois autres listes en course au second tour sont arrivées loin derrière au premier tour: celle de la droite régionaliste de Jean-Martin Mondoloni a obtenu 14,97% des voix, devant celle soutenue par Les Républicains emmenée par Valérie Bozzi (12,77%) et celle de la République en Marche, emmenée par Jean-Charles Orsucci (11,26%).

Mercredi lors d'un grand meeting à Ajaccio, au milieu d'une marée de drapeaux corses et de chants traditionnels, le leader autonomiste Gilles Simeoni a appelé les 234.000 électeurs corses à "amplifier le score" du premier tour : "Nous avons besoin de tout le monde, parce que nous avons un pays à construire".

- "Davantage d'autonomie" -

Si la question de l'indépendance n'est pas à l'ordre du jour, Pè a Corsica espère bien pouvoir avancer, en cas de victoire, sur trois revendications clés: amnistie pour les "prisonniers politiques", co-officialité de la langue corse et statut de résident, pour combattre, selon les nationalistes, la spéculation immobilière sur l'Île de Beauté.

"L'indépendantisme est dans l'imaginaire collectif, mais la volonté actuelle des Corses est d'avoir davantage d'autonomie", a assuré à l'AFP Thierry Dominici, spécialiste de la Corse à l'Université de Bordeaux.

A cet égard, les "natios", qui visent l'obtention d'un véritable statut d'autonomie dans les trois ans et sa mise en oeuvre effective dans les 10 ans, attendent déjà de pied ferme la réponse de l'Etat.

"Le gouvernement travaillera avec l'exécutif qui aura été choisi par les électeurs corses", a sobrement commenté lundi le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.

"C'est certainement l'élection la plus importante que la Corse ait jamais connue", a pour sa part estimé Valérie Bozzi, à la tête de la liste de droite soutenue par le parti Les Républicains, mercredi, lors d'un débat sur France 3.

Le scrutin va donner naissance en janvier à une collectivité territoriale unique, une première en France métropolitaine, à la place des deux conseils départementaux et de la collectivité territoriale (région). Ses 63 élus n'auront qu'un mandat de trois ans et demi, jusqu'en 2021, date des prochaines élections régionales.

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