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Les Français face à leur destin (6/12): dirigés par le Front national, les habitants de CAMARET-SUR-AIGUES voient-ils Marine Le Pen présidente?

Tous les jours, jusqu'au premier tour de la Présidentielle, nous donnons la parole aux Français dans les 4 coins du pays. Après le Touquet-Paris-Plage ce vendredi, direction Camaret-sur-Aigues, l'une des 11 villes tombées aux mains du Front national. Sébastien Rosenfeld et Gislain Federspiel ont tenté d'y comprendre les aspirations d’une population qui se sent souvent abandonnée par la classe politique.

"La religion nous ordonne d'être honnête et d'aider notre prochain. Mais malheureusement dans le sens de la politique on interprète ça différemment. On s'aide d'abord soi-même ou entre ami, et après on pense aux autres quand on a le temps", confie Vincent. Notre équipe rencontre tout d'abord Vincent, le catholique de droite, et son ami Max, le laïc de gauche, qui se désespèrent de ces élections. Car ici, lorsque la révolte gronde, un parti gagne à tous les coups. "Marine elle va faire un raz-de-marée à Camaret, mais personne n'aura voté pour elle", lance de son côté Max.

Lors des dernières élections municipales, plus d'un tiers des habitants de Camaret-sur-Aigues a voté pour le Front national au détriment du Parti socialiste. Dans cette ville de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, le basculement illustre la France des petits artisans, commerçants ou des agriculteurs aux revenus modestes, et qui considèrent que la classe politique se désintéresse désormais de leur sort.


Un maire à la limite de la censure

Cela fait 14 ans que Serge tient son commerce de fruits et légumes. Il est plus que jamais indécis. "Qu'il y ait un maire Front national, ou un maire d'un autre parti, pour nous ça n'a pas changé grand-chose, on n'a pas vu de grande différence", confie-t-il.

Cette différence, Christophe en a fait l’expérience. Il dirige un cinéma itinérant et projette régulièrement des films à Camaret-sur-Aigues. Il se souvient de sa rencontre avec le maire suite à sa décision de retirer les affiches du film La belle saison. "C'est pas les bonnes mœurs, c'est exactement ça. Des couples lesbiens, ça ne convient pas pour lui. La projection a eu lieu, ça a été un vrai succès, on a dû refuser des gens", explique-t-il.


Des habitants prêts à laisser une chance au FN

Le maire préfère organiser des diners débat au bénéfice des électeurs du Front national. Ce soir-là, il écoute Marion Maréchal-Le Pen, la députée FN du Vaucluse. A l’extérieur, nos journalistes ont rencontré des militants en pleine confiance. "On dit que le Front national est raciste, que c'est xénophobe et tout, mais la preuve... je suis là, bien noir", commente un témoin.

Au lendemain de ce repas interdit à notre caméra, les rues de Camaret-sur-Aigues paraissent bien vides. Mais chez David, le marchand de journaux, la campagne électorale fait toujours les gros titres. "Le Front national, on n'a jamais essayé alors moi je suis prêt à faire le saut tant qu'à faire. Les autres, pour moi, c'est des bandits", commente David. "Maintenant avec les affaires, on ne sait pas trop, mais bon, je suis de droite", explique un client du libraire. "On n'a jamais laissé la chance au Front national, je pense qu'aujourd'hui il faut leur donner leur chance", dit un autre.

Dans cette commune Front national de 4.600 habitants, le Ravelin, vestige défensif de l’époque médiévale, fait face à la mairie. A l’heure des choix, le repli identitaire fait la course en tête.

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