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Les Français face à leur destin (8/12): notre journaliste à DIJON, là où Marc n'attend plus grand-chose

Suite de notre série "Les Français face à leur destin". Direction la Bourgogne et plus précisément Dijon. Cette région agricole et viticole a beaucoup souffert de la crise ces dernières années. Reportage de nos envoyés spéciaux sur place, Nathanaël Pauly et Emmanuel Tallarico .

"Il n'y a pas une personne ou un parti qui nous attire plus que d'autre", dit ce jeune citoyen. "Quoiqu'ils nous racontent, ils feront ce qu'ils voudront", pensent cet autre habitant plus âgé, la barbe poivre et sel. "Il y a aujourd'hui beaucoup trop de chômeurs, il faut relancer l'activité" estime un troisième individu, d'un âge entre celui des deux premiers interrogés. Tous habitent Dijon, la capitale de la Bourgogne. Cette ville piétonne et gastronome a vécu des années difficiles, oubliées par les touristes et désertées par les entreprises. Aujourd'hui, la cité se redresse progressivement. Mais dans la région, comme partout en France, les chiffres du chômage inquiètent.

Nous avons rencontré Christian. Il n'est plus à Dijon que de passage car il travaille désormais au Luxembourg. "Quand vous gagnez 1000 euros/mois, une fois que vous avez payé votre loyer, vos taxes, frais d'essence, mutuelles, etc. Ben vous n'avez plus rien. Et vous mangez quoi? Ben des pâtes", résume cet homme désabusé.

Dijon et sa région sont des terres agricoles. Ici comme ailleurs, l'agriculture est frappée par la crise: en 20 ans, plus de 80% des emplois ont disparu. Dans ce contexte, les vignerons sont ceux qui s'en sortent le mieux. Malgré tout, ils estiment que leur travail manuel est dévalorisé depuis de trop longues années par les élites politiques. Dijon est le point de départ de la route des grands crûs. Le voyage commence avec Marc au domaine de la Cras avec sa vue imprenable sur la ville. Lui aussi est amer: "J'attends plus grand-chose. Que ce soit telle ou telle personne, ce sont des paroles mais il n'y a pas grand-chose qui se passe. On arrive à un point où il faut taper du point sur la table et se faire entendre un petit peu quand même."

Dans son domaine de 9 hectares, Marc produit 35.000 bouteilles de vin chaque année. "Un savoir-faire français devenu aujourd'hui de plus en plus difficile à préserver. Que ce soit nous dans le vin, mais aussi dans l'agriculture, la faïence, il y avait beaucoup d'entreprises connues mondialement. La France était connue pour ses produits haut de gamme, luxueux. Mais voilà, on a perdu une main d'oeuvre qui était très qualifiée, tout ça parce que les politiques n'ont pas soutenu les entreprises", dit-il.

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