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Les gardiens de prison toujours mobilisés

"La mobilisation ne faiblit pas": les prisons ont à nouveau été perturbées ou bloquées lundi pour le sixième jour consécutif, après l'attaque de deux gardiens à Condé-sur-Sarthe (Orne), un mouvement de protestation qui pourrait durer au moins jusqu'à jeudi, selon les syndicats.

Entre 80 et 90 surveillants ont bloqué les accès à l'emblématique prison de l'Orne, l'une des plus sécurisées de France, où selon une source syndicale, un piquet de grève était de nouveau en place dès 04H00.

Des forces mobiles sont intervenues vers 07H00 afin de laisser passer des marchandises mais le blocage a repris immédiatement après leur départ, selon l'administration pénitentiaire.

Le mouvement de protestation des surveillants restait très suivi ailleurs, avec "une centaine de mouvements" sur tout le territoire, selon Emmanuel Guimaraes, délégué FO pénitentiaire national.

A 09H00, la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP) recensait "18 établissements impactés par des rassemblements symboliques" contre 40 vendredi, et "trois blocages" à Condé, Bois-d'Arcy (Yvelines) et Draguignan (Var).

Les surveillants réclament une remise à plat des conditions de sécurité pour mieux prendre en compte l'arrivée de détenus radicalisés, la mise en place d'une fouille des visiteurs, ainsi que de meilleures conditions de salaire à l'embauche pour recruter plus de personnels.

La prison des Baumettes (Marseille) a été bloquée mais les manifestants ont été délogés par la police vers 10H00 selon David Cuchietti, délégué CGT, qui a assuré à l'AFP que "le mouvement allait continuer, au moins jusqu'au rendez-vous avec la ministre (de la justice) jeudi".

Le directeur de l'administration pénitentiaire, Stéphane Bredin, recevait lundi après-midi les organisations syndicales représentatives. A l'issue de cet entretien, le syndicat FO-Pénitentiaire s'est dit "satisfait" de la prise en compte de certaines de ses revendications.

"Aujourd'hui, on ne peut qu'être satisfaits. Ils ont écouté nos revendications, on va avancer sur plusieurs points. On sent bien qu'on est dans un virage sécuritaire: on attend maintenant de voir ce que nous annoncera jeudi (la ministre de la Justice) Nicole Belloubet", a déclaré à l'AFP Emmanuel Baudin, secrétaire général de FO-Pénitentiaire.

Parmi les autres prisons bloquées dans la matinée, figurent notamment celles de Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), de Fleury-Mérogis (Essonne), ou de Melun (Seine-et-Marne).

A Rouen, où "il manque 18 personnes, prévues à l'organigramme, pour fonctionner correctement", selon Guillaume Colas, secrétaire FO pénitentiaire, les manifestants ont reconduit "la grève du zèle", assurant seulement promenades et infirmerie. Ils ont été évacués par la police dans le calme aux alentours de 8H30.

- "Pas question de s'arrêter" -

Il n'est "pas question de s'arrêter pour le moment", a déclaré à l'AFP Christophe Schmitt délégué FO pénitentiaire Grand Est. En Alsace, plusieurs dizaines de surveillants ont perturbé le fonctionnement des maisons d'arrêt de Mulhouse, Ensisheim, Oermingen et Strasbourg, selon cette source.

En Gironde, une vingtaine d'agents ont mené un blocage filtrant devant le centre pénitentiaire de Gradignan.

A Nantes, une trentaine de surveillants étaient mobilisés autour d'un petit feu devant le centre de détention, bloquant les extractions. "Chaque jour une arme peut rentrer dans l'établissement et on ne maîtrise absolument rien. Il y a une urgence sécuritaire à mettre quelque chose en œuvre", a estimé William Cozic, délégué FO.

A Maubeuge (Nord), les forces de l'ordre sont intervenues lundi pour déloger une vingtaine de surveillants. Mardi, les centres pénitentiaires de Bapaume (Pas-de-Calais), Douai (Nord) et Beauvais (Oise) feront encore l'objet de blocages, a indiqué à l'AFP Christophe Muzzolin, secrétaire local FO au centre pénitentiaire de Maubeuge.

"On maintient la pression, le mouvement est amené à se poursuivre au moins jusqu'à l'audience avec Mme Belloubet jeudi matin", a-t-il assuré.

Mardi dernier, à Condé-sur-Sarthe, après l'agression le matin des deux surveillants avec des couteaux en céramique, Michaël Chiolo, 27 ans, qui purgeait une peine de trente ans et s'est radicalisé en prison, s'était retranché avec sa compagne pendant près de dix heures dans l'unité de vie familiale de la prison.

Après de vaines tentatives de négociations, le RAID avait lancé l'assaut vers 18h40, conduisant à l'interpellation du détenu et au décès de sa compagne.

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