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Les harkis, auxiliaires de l'armée oubliés de la France

Les harkis, auxquels le président français Emmanuel Macron a demandé "pardon" au nom de la France et promis "réparation" lundi, sont des musulmans recrutés comme auxiliaires de l'armée française durant la guerre d'Algérie (1954-1962) pour lutter contre le FLN.

Le terme "harkis" désignait au départ un indidivu servant dans une des formations paramilitaires supplétives de l'armée française en Algérie: une "harka" ("harka" signifiant en arabe "mouvement" et ici "groupe mobile").

L'armée française a recruté localement pour des opérations particulières jusqu'à 200.000 de ces Algériens.

Mais au lendemain des accords d'Evian du 18 mars 1962, consacrant la défaite française en Algérie, le gouvernement français refuse leur rapatriement massif.

Seuls quelque 42.000 harkis - accompagnés parfois de leurs femmes et enfants - sont évacués en France par l'armée et transitent par des camps aux conditions de vie souvent indignes.

Quelque 40.000 autres y parviennent par des filières semi-clandestines ou clandestines. Au total, entre 80.000 et 90.000 personnes arrivent en France selon certaines estimations, pour la majorité entre 1962 et 1965.

Les autres, désarmés, sont livrés à leur sort en Algérie. Considérés comme des traîtres par le nouveau régime, ils sont victimes avec leurs familles de sanglantes représailles.

Pierre Messmer, à l'époque ministre des Armées du général de Gaulle, déclarera en 2003 que "la position de la France était la seule possible", "inévitable et légitime".

Une plainte pour "crimes contre l'humanité" déposée par huit harkis en août 2001 à Paris, qui faisait état de 150.000 victimes, n'a pas abouti.

Les harkis et leurs descendants formeraient aujourd'hui une communauté de plusieurs centaines de milliers de personnes.

Depuis 1974, plusieurs enfants de harkis ont mené des grèves de la faim et marches de protestation pour obtenir la reconnaissance de leur drame et une amélioration de leur sort.

Leurs parents ont connu une intégration difficile en France, à la fois assimilés à des immigrés et rejetés par les immigrés.

En 2000, le président algérien Abdelaziz Bouteflika les avait qualifiés de "collaborateurs" et, tout en critiquant leurs conditions de logement en France, avait exclu leur retour en Algérie, qui selon lui n'était "pas leur pays".

En août 2001, la France a instauré la première journée d'hommage national aux harkis, fixée au 25 septembre. Ce jour-là, le président Jacques Chirac déclarait que "les massacres commis en 1962, frappant les militaires comme les civils, les femmes comme les enfants, laisseront pour toujours l'empreinte de la barbarie. Ils doivent être reconnus".

Le 23 février 2005, une loi prévoit une allocation de reconnaissance pour "les harkis, leurs orphelins et les rapatriés d'origine européenne".

Le président François Hollande a solennellement reconnu le 25 septembre 2016 les "responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France".

En 2018, un "plan harkis" débloque 40 millions d'euros sur quatre ans pour revaloriser notamment les pensions des anciens combattants et aider leurs descendants dans la précarité. Un montant que les représentants harkis jugent alors très insuffisant.

La même année, le Conseil d'Etat condamne pour la première fois l'Etat à indemniser un fils de harki ayant subi des "séquelles" liées aux conditions de vie "indignes" dans les camps où il a vécu en France.

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