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Deuxième jour de blocage des prisons après l'agression de Condé

Pour la deuxième journée consécutive, les surveillants pénitentiaires ont manifesté leur colère jeudi avec des dizaines d'actions et de blocages de prisons à travers le pays, au surlendemain de l'agression de deux collègues par un détenu radicalisé à Alençon/Condé-sur-Sarthe.

En milieu d'après-midi seule la prison de Condé-sur-Sarthe restait bloquée, selon l'administration pénitentiaire.

"On lâchera rien, on restera là, on est déterminé", a déclaré devant la prison, Vincent Temeet, représentant du SNEPAP/FSU. Une centaine de surveillants bloquaient toujours en milieu d'après-midi l'accès de la prison de l'Orne avec des palettes de bois. Les dizaines de gendarmes mobiles qui s'étaient positionnés en milieu de matinée face aux manifestants, sont repartis en milieu de journée.

Selon M. Temeet, seuls les officiers de l'administration pénitentiaire pouvaient pénétrer dans l'établissement parmi les plus sécurisés de France. Depuis mardi, "c'est complètement bloqué", a affirmé Emmanuel Guimaraes, délégué FO pénitentiaire national.

Mardi, deux surveillants y ont été gravement blessés avec deux couteaux en céramique par un détenu qui s'est radicalisé en prison. L'intervention du Raid a abouti à l'interpellation de Michaël Chiolo, 27 ans, qui purgeait une peine de 30 ans, et à la mort de sa compagne, retranchée avec lui pendant près de dix heures dans l'unité de vie familiale de la prison.

Devant Fleury-Mérogis (Essonne), la plus grande prison d'Europe, le blocage a été levé jeudi vers 09H00 par les forces de l'ordre, "à coup de lacrymos et de matraques" a rapporté le délégué local FO Thibault Capelle.

"On veut une revalorisation sécuritaire, indemnitaire et statutaire. On veut arrêter de bosser dans des conditions de merde", fulmine ce responsable syndical. "Les établissements sont devenus des cercueils, donc on préfère mettre les collègues en sécurité en les bloquant".

- "Défaillance" -

Mercredi soir, le Premier ministre Edouard Philippe a reconnu sur BFMTV "une défaillance", "probablement dans la fouille des visiteurs" : "il faut immédiatement essayer de la comprendre et de la corriger", a-t-il déclaré, soulignant que la Garde des Sceaux Nicole Belloubet avait "immédiatement lancé une enquête".

"Des radicalisés, des détenus psychotiques qui n'ont rien à faire dans une prison normale, on en a un paquet nous aussi, et on n'est pas formés à les maîtriser!", s'est indignée Catherine Forzi, délégué FO, devant la prison marseillaise des Baumettes bloquée toute la matinée par près de 200 agents pénitentiaires. La CGT a appelé à une nouvelle action similaire vendredi.

De Nantes à Nice en passant par Villepinte (Seine-Saint-Denis) ou Chambéry, l'agression d'Alençon/Condé-sur-Sarthe a réveillé de nombreuses revendications chez les "matons", salariales ou en matière d'embauches et de conditions de travail.

Des blocages complets ont été relevés dans les centre de détention de Montmédy (Meuse), de Saint-Mihiel (Meuse) et d'Ecrouves (Meurthe-et-Moselle) et des blocages filtrants dans celui de Villenauxe-le-Grande (Aube), dans les maisons d'arrêt de Châlons-en-Champagne (Marne), de Chaumont (Haute-Marne), de Bar-le-Duc (Meuse), et dans le centre pénitentiaire de Metz.

A Angers, une quarantaine d'agents de la maison d'arrêt partiellement bloquée, ont été délogés dans le calme par la police.

A la maison d'arrêt de Gradignan, dans la banlieue de Bordeaux, après le blocage de la matinée , le personnel a décidé d'empêcher une partie des parloirs prévus pour l'après-midi.

En Occitanie, deux prisons ont vu leurs accès libérés par les forces de l'ordre: Seysses (Haute-Garonne) et Perpignan, selon Grégory Jalade (FO). "Le gros souci sur notre région, c'est la surpopulation carcérale avec 500 matelas au sol. (...) C'est très compliqué à gérer. On ne peut pas bosser", a déploré son collègue Laurens Maffre (Ufap-Unsa).

Partout, les surveillants disent leur amertume de ne pas avoir vu d'amélioration de leur situation depuis leur dernier mouvement social : "Nous sommes toujours dans l'attente de filets pare-lame et d'autres équipements annoncés", déplore Stéphane Perrot (Ufap-Unsa) à La Talaudière (Loire).

"On menace de nous déloger, de nous sanctionner", constate Jean-Claude Roussy (Ufap-Unsa), à Ecrouves (Meurthe-et-Moselle) : "repartir bosser en ayant comme seul engagement de nous faire sanctionner, ça va être compliqué".

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