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Les syndicats policiers ont de nouveau rendez-vous chez Darmanin

Gérald Darmanin, toujours empêtré dans la polémique sur sa nomination en raison d'une enquête pour viol, recevra lundi les syndicats policiers, porteurs de nombreuses doléances sur fond de malaise dans les forces de l'ordre.

Le nouveau ministre de l'Intérieur, qui avait déjà reçu les puissantes organisations syndicales le 8 juillet, au lendemain de son arrivée place Beauvau, tentera de poursuivre son opération séduction auprès des troupes.

Il s'agit cette fois de rencontres bilatérales qui démarreront dès 8H00, avec la réception de la délégation d'Unité-SGP-FO et se poursuivront toute la journée avec les autres représentants des gardiens de la paix, des officiers et des commissaires.

Après le début de fronde née des propos de l'ex-ministre Christophe Castaner sur le racisme dans la police et l'abandon d'une technique d'interpellation controversée, le nouveau gouvernement cherche à reprendre le fil du dialogue avec les forces de l'ordre.

Alors que se dessine une rentrée sociale difficile sur le plan de l'ordre public, l'exécutif multiplie les manifestations ostensibles de soutien.

"On va juger sur les actes", prévient David Le Bars, le patron du syndicat des commissaires (SCPN-Unsa).

Les syndicats de gardiens de la paix viendront à ces réunions, la besace chargée en revendications.

"On est en souffrance depuis des années, tant pour les véhicules, la rénovation immobilière, la formation continue, l’équipement de protection et d’armement. Ce sont les sujets du quotidien pour les policiers", fait valoir Stanislas Gaudon, du syndicat Alliance. "Tout ça passe pour un budget 2021 favorable."

Le syndicaliste demande également la mise en oeuvre de nouvelles mesures sociales et, éternelle revendication, le renforcement de la réponse pénale destinée à lutter "contre le sentiment d'impunité".

Unité-SGP-FO met en avant des revendications indemnitaires et indiciaires, pour les "nuiteux" (travailleurs de nuit dans le jargon policier), la réforme des voies d'avancement ou le renforcement de l'attractivité des carrières d'officier de police judiciaire (OPJ), mais aussi l'abandon et la réaffectation du budget de la prime de résultats exceptionnels (PRE), une prime au mérite créée par Nicolas Sarkozy en 2004.

"On a aussi besoin de remettre à niveau les effectifs CRS car il faudra tenir la marée pour les conflits sociaux", fait valoir le secrétaire général, Yves Lefevbre.

- Livre blanc -

Pour l'heure, Gérald Darmanin, qui a multiplié les déplacements sur le terrain dans une geste qui rappelle celle de Nicolas Sarkozy, son modèle, a promis d'être "le ministre du quotidien des forces de l’ordre" et d'améliorer "les conditions de travail sur le terrain".

Dans un entretien à la Voix du Nord publié samedi, le ministre s'est engagé à déployer 30.000 caméras-piétons dès 2021 et à s'atteler à la réduction des tâches administratives et indues. A l'instar de ses prédécesseurs.

Au cours de cet été, la finalisation de deux importants chantiers attendent le nouveau ministre: le nouveau schéma national du maintien de l'ordre qui doit être présenté à la rentrée et le futur Livre blanc sur la sécurité intérieure.

La publication de ce travail de longue haleine, objet de plusieurs mois de consultations dans les cénacles sécuritaires, n'a cessé d'être repoussée. Et avec lui, la perspective d'une réforme structurelle en profondeur de la police nationale, encouragée notamment par Unité-SGP-FO, les officiers du SCSI-CFDT et les commissaires du SCPN.

Celle-ci rencontre cependant en interne de solides réticences et le récent départ de l'ex-secrétaire d'Etat Laurent Nuñez a été perçu par les promoteurs de la réforme comme un mauvais signal.

Alors que les accusations de viol qui le visent lui valent toujours d'être soumis au feu roulant des critiques, notamment de la part d'associations féministes, comme de certaines de ses ex-alliées politiques comme Rachida Dati ou Valérie Pécresse, M. Darmanin pourra en tout cas compter sur la discrétion des syndicats sur cet épineux sujet.

"C'est un sujet qui est dans l’espace public. Nous, ce qu'on lui demande, c'est d'être à la manoeuvre. On le jugera par les actes, pas par les accusations ou suspicions", estime Stanislas Gaudon.

"Je n’ai de cesse de demander le respect de la présomption d’innocence pour les policiers. Alors pour moi, il n'est pas affaibli", avance Yves Lefevbre.

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