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Les taxes américaines, un éléphant dans un magasin de porcelaine française

Importateurs de porcelaine de Limoges, vendeurs de champagne... Le petit monde des produits français aux Etats-Unis était réuni mardi à Washington, pour tenter de convaincre l'administration Trump de renoncer à la taxe qu'elle menace d'appliquer en représailles à la taxe française sur le numérique.

Dans le calme d'une salle d'audience à la peinture grise et blanche impeccable, stores en bois fermés, une trentaine de responsables d'entreprises ou d'organisations professionnelles étaient invités à venir témoigner.

Face à eux, huit responsables, du département au Commerce ou à l'Agriculture, de l'administration des petites entreprises, ou encore du secrétariat d'Etat au Trésor.

"Les travailleurs et consommateurs américains souffriront plus de ces taxes" que les français, plaide Joanna Rosenberg, vice-présidente d'un groupe qui importe outre-Atlantique les cocottes alsaciennes Staub.

A sa droite, George Kakaty, PDG de Bernardaud aux Etats-Unis, qui importe de la porcelaine de Limoges, renchérit: "les tarifs douaniers vont décimer de petites entreprises américaines établies de longue date".

En représailles à la taxe française qui vise les géants du numérique, l'administration Trump a menacé de surtaxer jusqu'à 100% certains produits français emblématiques.

Or, ces droits de douane "pénaliseront uniquement des petites entreprises familiales" américaines, qui importent ces produits et les commercialisent aux Etats-Unis, avertit David Waldenberg, un importateur de vins, applaudi par l'assemblée à la fin de son témoignage.

De telles taxes contraindraient les entreprises à augmenter les prix pour leurs clients, qui risquent alors de s'en détourner faute de pouvoir se les payer, ou à prendre ces coûts à leur charge.

Ces entreprises se trouveraient alors en difficulté, et "des centaines d'Américains pourraient perdre leurs emplois", selon William Tomaszewski, l'un des responsables du site de vente en ligne de vins wines.com.

- Porcelaine chinoise -

"Dès lors que vous augmentez les tarifs douaniers, vous accroissez les coûts pour des entreprises qui ont des marges très faibles", a indiqué à l'AFP Marianne Rowden, présidente de l'association américaine des importateurs et exportateurs.

"La valeur de ces produits est si faible (...) que cela n'aura aucune conséquence sur le gouvernement français", indique encore George Kakaty, vantant les qualités "uniques" de la porcelaine de Limoges, assurant qu'il n'existe par d'équivalent aux Etats-Unis.

En revanche, explique-t-il, ses clients, parmi lesquels beaucoup de restaurateurs et hôteliers, ne pourront plus se payer cette luxueuse porcelaine de Limoges, et seront alors contraints de se tourner vers de la vaisselle moins onéreuse. Venue de Chine.

Chaque témoignage dure cinq minutes, chronomètre en mains. Puis viennent les questions: quelle part de votre activité représentent les produits français ? Où sont fabriqués les produits de vos concurrents ? Qui possède votre entreprise ?

Le jury s'interrompt. "Nous avons une annonce à faire. Les employés fédéraux doivent partir à 13H00 en raison des conditions météo (de la neige attendue, NDLR). Il va donc falloir être concis".

Les témoignages reprennent.

Pour Nate Herman, vice-président de l'association américaine des vêtements et des chaussures, il s'agit "encore d'une dispute qui n'a rien à voir avec notre industrie".

Il était déjà venu défendre son activité dans cette même salle il y a quelques mois, lorsque le gouvernement avait annoncé des taxes punitives sur des produits européens, en réplique aux subventions accordées à Airbus.

"Nous ne devrions pas être là", a-t-il pesté.

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