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Macron à Calais pour défendre sa politique migratoire

Emmanuel Macron défendra mardi sa politique controversée sur l'asile et l'immigration en se rendant à Calais (Pas-de-Calais), une ville qui symbolise depuis une vingtaine d'années la crise migratoire en Europe.

Sur les bords de la Manche, le président ira à la rencontre des acteurs du dossier: les migrants qui cherchent à passer au Royaume-Uni, les associations qui s'en occupent, les élus qui réclament un plus grand soutien de l'Etat, les forces de l'ordre mais aussi la population qui "oscille entre lassitude et exaspération", selon l'Elysée.

Ce déplacement est organisé deux jours avant un sommet franco-britannique en Angleterre où Emmanuel Macron réclamera une plus grande implication de Londres pour réussir à "normaliser" la situation dans le principal port trans-Manche.

Il intervient aussi alors que le gouvernement prépare le projet de loi asile-immigration, critiqué à gauche pour sa dureté envers les migrants et à droite pour son "laxisme".

Sans s'exprimer en détail sur ce texte, Emmanuel Macron "va s'assurer" à Calais que "les orientations de la nouvelle politique d'asile et immigration soient bien mises en œuvre sur le terrain", indique l'Elysée. Il sera pour cela accompagné de quatre ministres, dont ceux de l'Intérieur Gérard Collomb et de la Justice Nicole Belloubet.

- Population 'épuisée' -

Prononçant un discours devant les forces de l'ordre, le chef de l'Etat va également "apporter le soutien de l'Etat" à la population, qui "est "épuisée de vivre en permanence ce drame" selon la maire de Calais Natacha Bouchart (LR).

"Nous attendons beaucoup" du chef de l'Etat, a-t-elle ajouté lundi, notamment pour faire face aux "délits permanents des migrants" prêts à tout pour monter à bord des camions franchissant la Manche.

Les forces de l'ordre - 1.130 policiers et gendarmes dans le Calaisis - sont ainsi intervenues dans la nuit de dimanche à lundi pour séparer plusieurs dizaines d'Erythréens et d'Afghans se battant entre eux.

Pour l'Etat, la situation s'est néanmoins "améliorée à Calais ces derniers mois" même si elle "n'est pas encore stabilisée". Les migrants ne sont plus qu'"entre 350 et 500", essentiellement venus de la Corne de l'Afrique (Ethiopie, Erythrée) et d'Afghanistan, contre près de 8.000 avant le démantèlement de la Jungle il y a 14 mois, souligne l'Elysée. "Il n'y a plus de bidonville et les forces de l'ordre ont l'ordre de procéder systématiquement au démantèlement des campements sauvages".

Par ailleurs, "la frontière est mieux contrôlée" avec 115.000 tentatives d'intrusion en 2017, soit 50.000 de moins que l'année précédente, selon la présidence.

- 'Alibi' -

Sur la route de Calais, Emmanuel Macron visitera à Croisilles (Pas-de-Calais) l'un des trois centres ouverts depuis l'été pour accueillir les migrants et examiner administrativement leur situation "le plus rapidement possible".

Pour Emmanuel Macron, le gouvernement veut allier, sur ce dossier, "efficacité et humanité" alors que l'Europe fait "face à des vagues migratoires (...) inédites depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale". "Il faut se garder des faux bons sentiments", a-t-il déclaré jeudi à Rome, en réponse aux critiques d'intellectuels, d'associations et d'évêques.

Deux associations actives à Calais ont d'ailleurs annoncé lundi qu'elles déclinaient la rencontre prévue mardi avec le président, y voyant "juste un alibi pour des projets déjà bien établis", selon François Guennoc, de l'Auberge des migrants.

Gérard Collomb a affirmé dimanche qu'il n'était "pas question" de changer l'orientation du projet de loi, qui est "totalement équilibré".

Le président de LR Laurent Wauquiez juge inefficace cette politique qui va faire que les migrants "seront de plus en plus nombreux" en France.

A gauche, l'ex-candidat au PS à la présidentielle Benoît Hamon a estimé qu'elle "violait" les "principes sacrés de la République".

La visite à Calais devrait être attentivement suivie au Royaume Uni avant le sommet franco-britannique de Sandhurst, au sud de Londres. Emmanuel Macron y demandera à Theresa May "des mesures concrètes" pour une meilleure prise en charge des mineurs isolés et pour le financement de la sécurisation du terminal transmanche et du port de Calais, selon l'Elysée. Londres y a investi 15 millions d'euros dans le cadre des accords du Touquet, qui fixent depuis 2004 la frontière à Calais.

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