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Macron à l'offensive sur le thème de l'immigration

"En prétendant être humaniste, on est parfois trop laxiste": Emmanuel Macron est à l'offensive sur l'immigration, un sujet qu'il ne veut pas laisser à la droite et à l'extrême droite dans l'optique des prochaines élections, notamment de la présidentielle de 2022.

A 15 jours d'un débat, appelé à devenir annuel, sur l'immigration au Parlement, le chef de l'Etat a fixé lundi soir le cap à la majorité et au gouvernement: "Nous n'avons pas le droit de ne pas regarder ce sujet en face".

Emmanuel Macron impose l'immigration à l'ordre du jour de la rentrée, pourtant déjà embouteillée par d'autres dossiers délicats pour l'exécutif, comme la réforme des retraites ou la PMA.

Mais à ses yeux, les sujets régaliens, sécurité et immigration en tête, sont devenus centraux dans la deuxième partie du quinquennat, qui sera rythmée par les municipales de mars 2020 et la préparation de la présidentielle.

Pour le président, l'une des priorités est de renouer avec les classes populaires après la crise des "gilets jaunes" qui a ébranlé le pouvoir. Il a demandé à son camp de "savoir si nous voulons être un parti bourgeois ou pas". En expliquant que les bourgeois n'avaient "pas de problème" avec l'immigration car "ils ne la croisent pas" alors que "les classes populaires vivent avec".

"La gauche n’a pas voulu regarder ce problème pendant des décennies. Les classes populaires ont donc migré vers l'extrême droite. On est comme les trois petits singes: on ne veut pas regarder", a-t-il relevé.

Dès la campagne de 2017, Emmanuel Macron avait déjà affirmé à l'AFP vouloir s'attaquer à "l'insécurité culturelle" ressentie selon lui par les classes moyennes "tentées par le Front national" (devenu Rassemblement national).

L'immigration avait ensuite été l'un des premiers sujets à faire l'objet d'un texte de loi, voté en septembre 2018. Le texte, jugé trop timide à droite, avait pourtant fait tanguer la majorité.

En prévision du débat au Parlement, Matignon prépare un "document de synthèse" sur la politique migratoire de la France, un texte qui compilera des données demandées aux ministères de l'Intérieur, de la Santé et des Affaires étrangères et européennes.

- "Tabou" -

La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, n'en a pas moins affirmé mardi qu'elle ne "croyait pas" au durcissement de ton d'Emmanuel Macron, n'y voyant qu'une attitude "électoraliste."

Symétriquement, le porte-parole des députés PS, Boris Vallaud, accuse le chef de l'Etat de ne "regarder le +problème+ de l'immigration qu'en regardant à l'extrême droite".

"Il ne faut pas faire de ce thème un tabou", dit un cadre du parti présidentiel, qui devrait réunir son bureau exécutif spécial sur le sujet le 30 septembre, le jour même du débat au Parlement. Et une semaine après l'organisation à l'Assemblée, par le député Aurélien Taché, classé à la gauche de LREM, d'un "événement" sur le thème de l'accueil et l'intégration, en présence de Carola Rackete, la capitaine du navire humanitaire SeaWatch.

L'immigration continue de susciter la méfiance: selon un sondage Ipsos-Sopra Steria publié lundi, 64% des Français ont l'impression "qu'on ne se sent plus chez soi comme avant" en France.

Emmanuel Macron entend agir essentiellement sur le droit d'asile, un principe qu'il a réaffirmé mais qu'il estime "détourné de sa finalité par des réseaux, des gens qui manipulent". La France a enregistré une hausse de 23% des dossiers l'an dernier, avec notamment une demande albanaise et géorgienne que les pouvoirs publics estiment largement non fondée.

La dynamique, à contre courant de la baisse enregistrée ailleurs en Europe, est aussi alimentée par les déboutés, notamment afghans, venus d'autres pays plus chiches dans l'octroi de l'asile.

Les débats au parlement porteront aussi sur l'Aide médicale d'État (AME) afin "d'en maîtriser les coûts et de s'assurer qu'elle va bien aux personnes en détresse", selon le porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye.

L'AME, qui représente un budget en hausse de quelque 943 millions d'euros et concerne plus de 300.000 personnes, permet aux étrangers en situation irrégulière et résidant en France depuis plus de trois mois de bénéficier de l'accès aux soins.

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