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Maintien de l'ordre: Collomb répond aux critiques et garde le cap

Le ministre de l'Intérieur a répondu vendredi aux critiques sur les nombreuses interpellations lors de récentes manifestations à Paris tout en réaffirmant la doctrine du maintien de l'ordre expérimentée au cours d'une année de forte contestation sociale.

"Notre objectif ne doit pas être d'interpeller pour interpeller mais au contraire de recueillir les preuves nécessaires à une judiciarisation effective de ceux qui troublent les cortèges et, au final, nuisent au message défendu par les manifestations pacifiques", a déclaré Gérard Collomb, en visite au Centre national d'entraînement des forces de la gendarmerie à Saint-Astier (Dordogne).

Le ministre fait face à de nombreuses critiques sur la gestion des manifestations parisiennes contre la politique du gouvernement et qui ont parfois donné lieu à des interpellations massives.

Le 22 mai à Paris, les forces de l'ordre ont interpellé une centaine de personnes, dont plusieurs mineurs, pour une intrusion dans un lycée en marge d'une manifestation. Plusieurs dizaines d'entre elles ont été placées en garde à vue, avec souvent à la clé de simples rappels à la loi.

A l'issue du défilé parisien du 1er-Mai, ce sont 283 personnes qui avaient été interpellées, donnant lieu à sept mises en examen, 18 comparutions immédiates et 13 rappels à la loi.

Des "mesures d'intimidation" qui "témoignent d'une volonté de dissuader toute forme de contestation", selon la Ligue des droits de l'Homme (LDH).

Gérard Collomb, qui s'exprimait devant une centaine de gendarmes et de CRS, a défendu sa doctrine en exposant les nouveaux défis des forces de l'ordre.

Pour le ministre, "les forces de l'ordre sont aujourd'hui confrontées à des mouvements contestataires hétérogènes et mobilisables quasi instantanément, avec des groupes ultras qui prennent place au milieu des cortèges et font usage de la violence comme seul mode d'expression".

La doctrine de maintien de l'ordre "a donc dû s'adapter et a évolué autour de trois principes fondamentaux: mieux anticiper les manœuvres d'ordre public, garantir l'application du droit et mieux expliquer et plus communiquer sur l'action engagée" avec la diffusion en temps réel de vidéos et de photos pour contrer les tentatives de désinformation, selon la place Beauvau.

Blocage des sites pétroliers puis des prisons, évacuations d'universités, expulsion de zadistes à Bure et Notre-Dame-des-Landes, manifestation du 1er-mai marquée par la présence de 1.200 militants radicaux des "Black blocs"... Depuis mai 2017, les 13.000 CRS et 12.800 gendarmes mobiles ont été mobilisés sur de nombreux fronts.

- "Accompagnement judiciaire" -

Axe majeur de la doctrine selon l'ex-maire de Lyon: la judiciarisation des fauteurs de troubles.

"L'accompagnement judiciaire est désormais indispensable dans la manœuvre d'ordre public", a souligné M. Collomb, appelant à "développer encore le travail commun entre policiers, gendarmes et magistrats pour mieux cibler les interpellations et obtenir des suites judiciaires encore plus dissuasives".

"Pour ce faire, des officiers de police judiciaire sont désormais insérés directement dans les rangs des unités de maintien de l'ordre qui peuvent constater in situ la commission d'infractions telles que la participation à un groupement préparant des violences ou dégradation, le port d'armes, la dégradation de biens privés ou encore les violences contre personne dépositaire de l'autorité publique", a-t-il expliqué.

Un groupe de travail doit être mis sur pied d'ici l'été avec la Chancellerie pour renforcer ce ciblage.

Autre élément important de cette doctrine: "Le positionnement à distance des forces de l'ordre pour éviter au maximum le contact et d'être pris pour cibles", couplé à des contrôles préventifs destinés à désarmer les casseurs, poursuit un haut cadre du ministère.

Pour éviter les incidents, les préfets sont également priés de mobiliser en nombre les effectifs. A Notre-Dame-des-Landes, pas moins de 2.500 gendarmes avaient été déployés pour l'évacuation des squats.

"Le maintien de l'ordre n'est pas une science exacte", tiennent toutefois à rappeler des sources sécuritaires. Si l'opération d'évacuation de Notre-Dame-Des-Landes le 18 mai a globalement été un succès, elle a été ternie par les graves blessures d'un jeune homme qui a eu la main arrachée le 22 mai après avoir ramassé une grenade lancée par les forces de l'ordre.

Enfin, volet moins polémique de cette nouvelle doctrine, les services de renseignement sont désormais systématiquement associés au maintien de l'ordre public. "C'est moins la prévision du nombre de manifestants qui compte que la physionomie du cortège", explique-t-on au ministère.

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