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Manifestation catalane et show britannique pour la rentrée du Parlement européen

Les députés européens élus fin mai ont pris officiellement possession de leur siège mardi à Strasbourg, lors d'une session inaugurale marquée par une manifestation de plusieurs milliers de Catalans et par la démonstration d'hostilité d'élus britanniques dans l'hémicycle.

Quelque 10.000 manifestants agitaient des drapeaux de la Catalogne devant le siège de l'institution en soutien à trois élus indépendantistes qui ont été empêchés de siéger par les autorités espagnoles parce qu'ils n'ont pas pu prêter serment à Madrid.

La session a démarré au son de l'Ode à la Joie, ostensiblement boudée par les députés britanniques du Brexit Party de Nigel Farage. Priés de se lever durant l'hymne européen, ils l'ont fait mais en tournant le dos à l'assemblée.

La principale mission de cette session inaugurale sera d'élire un nouveau président du Parlement. Ce qui permettra de placer l'une des pièces du puzzle des "top jobs" européens, un casse-tête qui agite depuis des semaines Bruxelles et les capitales de l'UE.

- Nouveau président -

Le choix du successeur de l'Italien Antonio Tajani (PPE, droite), qui devait avoir lieu mardi, a été reporté à mercredi pour laisser le temps aux dirigeants des 28 de se mettre d'accord de leur côté sur une répartition des plus hautes fonctions européennes.

Mais rien n'indique que le sommet marathon réuni depuis dimanche à Bruxelles, et qui joue les prolongations mardi, va déboucher sur un accord.

Les grandes familles politiques européennes auraient préféré d'abord s'entendre sur la présidence de la Commission, clé de voûte de la répartition des postes. Mais le Parlement pourrait donc abattre ses cartes sans attendre.

"Les candidats ont jusqu'à 22H00 ce soir (20H00 GMT) pour se déclarer", a indiqué mardi le porte-parole du Parlement, Jaume Duch.

La députée écologiste Ska Keller a déjà annoncé son intention d'entrer dans la course. Tandis que son compatriote allemand Manfred Weber, à la tête du groupe du PPE, le plus important du Parlement, pourrait aussi se lancer s'il se confirme qu'il a perdu ses chances d'obtenir la présidence de la Commission.

- "Où vont nos votes?" -

Du côté des manifestants pro-catalans, on pointait du doigt l'attitude jugée antidémocratique de Madrid.

"Où vont nos votes si après, les personnes qu'on élit ne peuvent pas exercer leur rôle? Dans la rivière?", s'est indigné auprès de l'AFP Santiago Solsona, montrant le canal qui borde le Parlement européen.

Cet avocat catalan de 54 ans, venu manifester à Strasbourg avec sa femme et son fils, jugeait "important d'être ici" pour soutenir les trois indépendantistes élus fin mai en Espagne, mais empêchés de siéger mardi à Strasbourg.

Il s'agit de Carles Puigdemont, l'ex-chef du gouvernement régional catalan qui vit en Belgique pour échapper à un mandat d'arrêt espagnol, après la tentative de sécession de 2017, et de son colistier Toni Comin, dans la même situation. L'indépendantiste Oriol Junqueras, en détention provisoire, n'était pas non plus à Strasbourg.

L'Espagne n'a pas transmis formellement leurs noms au Parlement européen, leur situation les ayant empêchés de prêter serment à Madrid. Leurs trois sièges sont donc restés vides.

- Farage de retour -

Puisque le Brexit n'a toujours pas eu lieu --la nouvelle date butoir est fixée au 31 octobre--, il y a à nouveau 73 députés britanniques à Strasbourg (sur 751), dont l'europhobe Nigel Farage. Son Brexit Party, avec 29 élus, est même le parti national avec la plus grande délégation.

En théorie, le nouveau Parlement ne devait compter que 705 sièges, pour tenir compte du Brexit. 27 des sièges britanniques devaient ainsi être redistribués à d'autres pays, tandis que les 46 autres devaient être mis de côté pour d'éventuels nouveaux élargissements de l'UE.

Le report du divorce a repoussé cette réforme et créé une situation inédite: les Britanniques vont occuper leurs sièges provisoirement, jusqu'à ce que le Brexit se concrétise. Et 27 personnes élues fin mai (dont cinq en France, trois en Italie, et cinq en Espagne) seront "réservistes" en attendant.

"Nous ne devrions pas être là, mais en fait je ne suis pas particulièrement en colère contre l'UE ou contre Michel Barnier", le négociateur en chef européen du Brexit, "ils ont fait leur travail", a dit Nigel Farage.

"C'est la classe politique britannique qui a laissé tomber son peuple", a-t-il ajouté, avant de rejoindre son siège dans l'hémicycle.

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