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"Et un, et deux, et trois degrés! C'est un crime contre l'humanité": un millier de jeunes marchent à Paris derrière Greta Thunberg (vidéos)

Dans le sillage des manifestations de la jeunesse belge pour davantage d'efforts dans la lutte contre le réchauffement climatique, une marche similaire réunissant lycéens et étudiants français a lieu ce vendredi dans les rues de Paris. Une délégation belge parmi lesquelles Anuna de Wever, figure de proue du mouvement Youth for Climate, Adelaïde, jeune militante belge interrogée plusieurs fois sur RTL INFO, et Greta Thunberg, l'adolescente suédoise symbole international du combat pour le climat, y participent. Nos journalistes Loïc Parmentier et Nathan Gerlache les accompagnent.

"Et un, et deux, et trois degrés! C'est un crime contre l'humanité", "Réchauffez les coeurs, pas la planète": plus nombreux que la semaine dernière, environ un millier de jeunes ont défilé vendredi à Paris pour le climat, derrière l'adolescente suédoise Greta Thunberg devenue l'égérie de la lutte contre le réchauffement. "Dans 20 ou 30 ans, on va tout se prendre dans la gueule", lance à l'AFP Bérénice, lycéenne parisienne de 17 ans. "On est venu parce qu'il y en a marre que le gouvernement ne fasse pas assez contre le dérèglement climatique."

Encadrés par des forces de l'ordre en nombre, les jeunes manifestants sont partis de la place de l'Opéra, portant des pancartes "le futur commence ici", "Sauve la Terre, mange un lobbyiste", "Water is coming" et scandant les slogans "on est plus chaud que le climat" ou "rejoignez-nous, ne nous regardez pas". Quelques personnalités comme Juliette Binoche, l'eurodéputé écologiste Yannick Jadot ou la maire de Paris Anne Hidalgo se sont joints à eux.

"J'ai déjà fait une marche pour le climat avec mon père mais c'est la première fois que je viens seule. J'ai vu des discours de Greta Thunberg et elle a raison, c'est notre avenir qui est en jeu", insiste de son côté Adèle, 15 ans. "J'ai l'impression que certains jeunes ne se sentent pas concernés, mais le mouvement grandit", ajoute-t-elle, portant une pancarte "Des poissons, pas du plastique!"




7.500 en Belgique

Depuis le début de sa grève hebdomadaire de l'école l'été dernier, Greta Thunberg, devenue la coqueluche des médias et des militants climat, a inspiré bien d'autres élèves à travers le monde. Comme elle, qui s'installe tous les vendredis devant le Parlement de Stockholm pour réclamer plus d'actions du gouvernement contre le réchauffement, des milliers de jeunes ont manifesté en Allemagne, Australie, ou Grande-Bretagne. Ainsi qu'en Belgique où 7.500 jeunes étaient à nouveau dans la rue jeudi, pour la 7e semaine consécutive, cette fois en présence de Greta.

Mais le mouvement est plus timide en France. La semaine dernière pour la première mobilisation, ils étaient environ 200 lycéens et étudiants à bloquer la circulation devant le ministère de la Transition écologique. "Il y a eu d'autres mouvements sociaux très présents" en France, avec la mobilisation des "gilets jaunes", tente d'expliquer vendredi Romaric Thurel, 22 ans, coordinateur de Youth for climate France. "Je pense que dès vendredi prochain on pourra avoir une vraie belle manifestation pour le climat". Mais les jeunes français visent surtout le 15 mars, date à laquelle Greta Thunberg appelle à une "grève mondiale pour le futur".


"Nous faisons grève parce que les gens ne font rien"

"La France, pays de la COP21, doit faire ce qu'elle dit", a insisté la jeune Suédoise dans un entretien au Parisien, disant ne pas savoir "pourquoi certains jeunes se mobilisent en masse dans certains pays et pas dans d'autres". Alors qu'elle avait jeudi à Bruxelles fait un discours ferme, appelant les dirigeants européens à se doter d'un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre de 80% d'ici à 2030, elle a été plus silencieuse à Paris.

Le visage serré, encadré de ses habituelles tresses, elle a plutôt laissé la parole à d'autres représentants de son mouvement lors d'une conférence de presse sur la place de la République, sous les yeux de dizaines de caméras et d'appareils photos. "Je souhaite que les adultes prennent leur responsabilité. Nous faisons grève parce que les gens ne font rien", a ainsi déclaré l'Allemande Luisa Neubauer, 20 ans. "C'est notre avenir. Cela touche tout le monde, mais c'est nous qui vivrons ici dans 20 ans", a commenté Dario Vareni, 20 ans, venu de Suisse pour l'occasion.


©Nathan Gerlache

"On espère que les gens vont pouvoir en débattre, en parler et pourront expliquer ce qui se passe. Les gens doivent prendre conscience du changement climatique. Actuellement, on est écouté mais je pense qu'on n'est pas compris (ndlr: par les dirigeants). Aucune action n'a été entreprise", a confié Adelaïde à notre micro avant de rejoindre le rassemblement de jeunes à Paris.


©Nathan Gerlache

Une première marche dans la capitale française s'était par ailleurs tenue la semaine passée mais elle était très loin de rassembler autant de gens qu'en Belgique puisqu'environ 500 lycéens et étudiants y avaient participé. Greta Thunberg et la délégation belge ont rencontré les lycéens et étudiants français à la place de la République à 11h. La manifestation proprement dite a démarré à 13h, place de l'Opéra. A 18 h 30, l’adolescente suédoise participera à un débat à la Bourse du travail. Une mobilisation mondiale en faveur du climat est prévue le 15 mars prochain.

Jeudi soir, à l'issue d'une 7e marche du jeudi en Belgique, le front commun pour le climat, qui rassemble Youth For Climate, Students For Climate, Teachers for Climate et Workers For Climate, a supplié le monde politique d'agir pour lutter contre le réchauffement climatique. "Nous avons peur et c'est pour ça qu'on hurle dans la rue", a souligné Adélaïde Charlier, égérie de Youth for Climate en Belgique francophone. "Le politique ne voit pas l'urgence", a estimé son homologue flamande, Anuna de Wever.

Jeudi, Anuna de Wever et Adélaïde Charlier se sont rendues aux parlements flamand et wallon. Elles y ont constaté que l'ampleur de l'urgence n'était pas comprise par les députés. "Ils ne saisissent pas ce qu'il se passe. Je leur ai demandé si j'allais pouvoir prétendre au même avenir qu'eux et ils m'ont regardé surpris, en me répondant 'Oui bien sûr, qu'est-ce que tu racontes?'", a témoigné Anuna de Wever. En Belgique, la particratie freine le changement, a-t-elle ajouté. "Les partis se renvoient constamment la balle et se blâment les uns les autres pour la situation actuelle mais il faudrait agir au-delà des partis", a estimé la jeune Flamande.

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