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Mariages chinois de Tours : peines aggravées en appel

La cour d'appel d'Orléans a aggravé mercredi les peines infligées aux quatre protagonistes de l'affaire d'escroquerie et de détournement de fonds publics dite "des mariages chinois" de Tours.

La principale accusée, Lise Han, originaire de Taïwan, a été condamnée à quatre ans de prison, dont un an avec sursis. En raison de son absence lors du prononcé de l'arrêt de la cour, un mandat d'arrêt a été délivré contre l'ancienne maîtresse de Jean Germain, l'ex-sénateur-maire socialiste de Tours. Celui-ci s'était suicidé juste avant le procès de première instance devant le tribunal correctionnel de Tours.

La cour est allée au-delà des réquisitions de l'avocate générale Elise Tamil qui avait demandé, lors de l'audience en appel le 11 octobre dernier, une peine de 36 mois de prison, dont un an et demi ferme, contre Lise Han. Celle-ci avait été condamnée le 7 janvier 2016 par le tribunal correctionnel de Tours à 30 mois de prison, dont un an ferme, notamment pour prise illégale d'intérêt, escroquerie et détournement de fonds publics.

Elle a également été condamnée en appel pour abus de biens sociaux, chef d'accusation pour lequel elle avait été relaxée en première instance.

Entre 2007 et 2011, Lise Han organisait des "noces romantiques" pour les touristes chinois dans la région des Châteaux de la Loire. Aux termes de marchés de plusieurs centaines de milliers d'euros conclus entre la mairie de Tours et la société qu'elle avait créée, des couples chinois venaient renouveler leurs vœux devant le maire de la ville, dans le cadre d'un programme touristique.

Maîtresse à l'époque de Jean Germain, elle avait été embauchée à la mairie pour superviser les échanges avec la Chine en 2008. Même si elle avait alors démissionné de la direction de son entreprise, elle continuait de fait à en tirer les ficelles. Elle aurait ainsi empoché près de 750.000 euros de marchés publics pour l'organisation entre 2008 et 2011 de la célébration de 240 mariages symboliques de couples chinois. Elle percevait en outre son salaire à la mairie de Tours ainsi que 3.000 euros auprès de chaque couple.

Jean Germain était poursuivi pour complicité, la justice le soupçonnant malgré ses dénégations d'avoir été au courant de ce tour de passe-passe. Il s'était suicidé le 7 avril 2015, quelques instants avant l'ouverture prévue du procès.

Repoussée, l'audience s'était finalement déroulée en octobre 2015.

François Lagière, l'ancien chef de cabinet de Jean Germain à la mairie, a été condamné à deux ans de prison avec sursis, 10.000 euros d'amende et trois ans d'interdiction d'exercer un emploi public (15 mois de prison avec sursis et trois ans d'interdiction en première instance).

La Cour d'appel a condamné Jean-François Lemarchand, directeur de la Société publique locale (SPL) de promotion du tourisme tourangeau, qui avait procuré à Lise Han un emploi à la demande de Jean Germain, à un an de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende (10 mois avec sursis en première instance).

Enfin, elle a également condamné l'époux de Lise Han, qui avait accepté de jouer pour elle les "gérants de paille", à un an de prison avec sursis et à l'interdiction définitive d'exercer une activité commerciale (amende de 5.000 euros en première instance).

Au titre des dommages et intérêts, Lise Han, son mari et M. Lagière sont condamnés solidairement à verser 42.000 euros à la ville de Tours, tandis que Lise Han et son époux devront lui payer 268.000 euros.

Lise Han doit aussi verser 111.520 euros à l'agglomération de Tours, tandis que Lise Han et M. Lemarchand sont condamnés à rembourser 120.000 euros à la SPL.

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