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Après un an d'embûches, Marine Le Pen parvient à créer un groupe à Bruxelles

L'Arlésienne se produit parfois: après l'avoir sans cesse repoussée, Marine Le Pen va annoncer mardi la constitution d'un groupe au Parlement européen, une victoire politique autant que financière pour la présidente du Front national.

Mme Le Pen "annoncera" mardi à Bruxelles lors d'une conférence de presse "la constitution du groupe +Europe des Nations et des Libertés+", indique-t-elle dans un communiqué.

"Je viens de déposer les statuts auprès de l'administration en vue de la constitution de notre groupe", s'est félicité dans un tweet son lieutenant européen, Ludovic de Danne.

Ils confirment ce qu'indiquaient plusieurs sources depuis quelques jours.

"On y est presque", avait indiqué vendredi son allié, le Néerlandais Geert Wilders, patron du Parti pour la liberté (PVV), cité par l'agence de presse ANP.

Si elle avait le nombre d'élus nécessaires (37), Marine Le Pen n'était jusque-là parvenue qu'à rassembler ses alliés "historiques" que sont le PVV, le Parti de la liberté autrichien (FPÖ), la Ligue du Nord italienne et le Vlaams Belang flamand (Belgique). Soit seulement cinq nationalités dans cette coordination qui siégeait chez les non-inscrits, alors que pour former un groupe, il faut au moins 25 élus de 7 nationalités différentes.

Interrogée par l'AFP, Marine Le Pen a indiqué que les élus manquants ne viendraient pas de Hongrie: "Je n'ai pas changé d'avis en un an", a-t-elle rappelé, elle qui a exclu de s'allier aux élus du Jobbik hongrois et de l'Aube dorée grecque, qu'elle considère trop radicaux.

Mais d'autres hypothèses étaient à l'étude: "Il y a des non-inscrits à l'état sauvage et des non-inscrits cultivés", distinguait récemment un eurodéputé frontiste.

Une source proche de la présidente du FN a laissé entendre que deux eurodéputés polonais pourraient faire partie de ce groupe, car il y a "eu beaucoup d'évolutions" au sein de ce parti d'extrême droite polonais KNP, depuis l'éviction de son sulfureux ancien président, Janusz Korwin-Mikke.

Une source FN relevait mi-mai que ça pouvait "se décanter avec des élus d'Europe du nord-est". Le parti lituanien Ordre et justice faisait notamment partie des hypothèses, tout comme des élus des Démocrates suédois.

- 20 à 30 millions d'euros de subventions -

Outre une plus grande visibilité, d'éventuelles présidences de commissions ou de sous-commissions, un groupe donne l'assurance de recevoir entre 20 et 30 millions d'euros de subventions au cours des cinq années suivantes, hors salaires et avantages des députés.

Avec la constitution de ce groupe, le parti d'extrême droite tient enfin sa promesse des élections européennes de mai 2014, où il assurait que la constitution de ce groupe serait quasi-consécutive à l'arrivée des eurodéputés à Bruxelles.

A l'été 2014, Marine Le Pen reconnaissait auprès de l'AFP s'être "sûrement trop avancée" pendant la campagne. "Faire un groupe, c'est mettre sept aimants dans une assiette", jugeait-elle aussi pour souligner la difficulté de l'entreprise.

La récente rupture avec le président d'honneur Jean-Marie Le Pen, désormais suspendu du parti, a pu jouer un rôle positif.

La déclaration de M. Le Pen sur la "fournée" en juin 2014, avait en effet été interprétée par certains frontistes comme un élément repoussoir pour d'autres formations européennes tentées de s'allier au FN.

D'autant que le parti était en concurrence au Parlement européen avec un autre groupe europhobe et anti-immigration, celui du patron du parti eurosceptique britannique Ukip, Nigel Farage, qui a subi une courte dissolution mi-octobre mais qui a été reconstitué.

Mais il faudra aussi que ce groupe tienne sur la durée, alors que la dernière expérience du FN au sein d'un groupe, en 2007, a été courte. "L'idéal serait d'avoir huit nationalités pour être à l'abri", relevait l'un des vice-présidents du FN, Louis Aliot.

Avec cette annonce, Marine Le Pen reprend la main politiquement après deux mois difficiles à cause de la crise interne avec son père. Elle a aussi pris sa décision concernant les régionales, où nombre de ses partisans la poussent à se présenter en région Nord-Pas-de-Calais-Picardie.

Candidature ou pas ? L'annonce pourrait se faire par le biais d'une conférence de presse lors d'un déplacement dans la région. "Cette semaine sera européenne, la prochaine régionale", indique une source FN.

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