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Marine Le Pen défend la "civilisation" française, Zemmour en embuscade

Marine Le Pen a plongé en campagne présidentielle dimanche à Fréjus, en défendant la "civilisation" française et ses "libertés", dans un clin d'oeil identitaire au polémiste et potentiel candidat Eric Zemmour.

Elle a aussi passé les rênes du parti à son très jeune (26 ans lundi) numéro deux Jordan Bardella, qui a attaqué frontalement les adversaires de la candidate à l'Elysée, au premier rang desquels Emmanuel Macron.

La présidentielle en 2022 "ne sera pas seulement un choix de société, comme ont pu l'être les précédents scrutins, ce sera un choix de civilisation", a déclaré Marine Le Pen, devant quelque 900 militants réunis dans le théâtre romain de la ville, qui scandaient "Marine présidente".

"Il n'y aura que deux alternatives" en 2022, "soit la dilution de la France par déconstruction et submersion (migratoire), soit le sursaut salutaire qui fera entrer la France dans le troisième millénaire autour de l'idée de Nation", a ajouté Mme Le Pen, dans une allusion à la théorie du "grand remplacement" (de la population européenne par une population immigrée non européenne) vantée par M. Zemmour dont elle ne partage pas l'aspect complotiste.

"En France, les Français ont le droit de vivre comme des Français. Les délinquants seront mis hors d'état de nuire, les délinquants français en prison, les étrangers dans l'avion", a-t-elle promis, sans aller jusqu' à la "remigration", qui vise à renvoyer tous les étrangers, délinquants ou non, dans leur pays d'origine, préférée par Eric Zemmour.

- Trump -

S'affichant comme la "présidente des libertés françaises", son slogan de campagne, elle a proposé "la gratuité des trains" pour les jeunes et la création, "à l'échelle européenne, d'un réseau social libre et gratuit".

Mme Le Pen comme M. Zemmour dénoncent régulièrement la "censure" à leur encontre des groupes internet.

Fustigeant sous les huées le "silence assourdissant des prétendues féministes", cible fréquente du polémiste de CNews, elle a promis de libérer les femmes du "joug obscurantiste" des "talibans de l'intérieur", proposant que les auteurs d'outrages sexistes soient inscrits au fichier des criminels et délinquants sexuels.

Mme Le Pen, donnée au second tour de la présidentielle, avait dit devant la presse que la France n'attendait pas "un Trump" et qu'Eric Zemmour, crédité de 7 à 8% des voix, n'irait "pas jusqu'au bout" de la campagne.

Mais si le polémiste se lance dans la course à l'Elysée, Marine Le Pen, "qui est dans une stratégie de second tour face à Macron, devra se positionner sur le premier tour", a affirmé à l'AFP le politologue Jean-Yves Camus.

M. Zemmour, qui entame la semaine prochaine la promotion de son livre au parfum de campagne électorale, a lui dit avoir "envie" d'être candidat et pense que Mme Le Pen "ne gagnera jamais" en 2022, estimant qu'elle n'a "pas progressé" depuis son débat raté contre Emmanuel Macron en 2017.

- "Innocente" -

Pour Christophe Castaner, chef de file des députés macronistes, Marine Le Pen court "derrière Zemmour" quand elle évoque un "choc civilisationnel", "sorte de guerre civile".

L'insoumis Jean-Luc Mélenchon déplore lui que le polémiste, plus radical que Marine Le Pen, fasse "passer Mme Le Pen pour presque une innocente".

Pour la candidate à l'éventuelle primaire de la droite Valérie Pécresse, il est davantage "un boulet au pied de Marine Le Pen" que de son camp, auquel le polémiste grinoterait pourtant des voix.

Max, venu de Cannes, vote RN depuis 40 ans et pense que Marine Le Pen peut gagner cette fois parce qu'elle est "beaucoup plus croyante" qu’Emmanuel Macron "qui a vendu son âme au diable" et parce qu'Eric Zemmour "c’est la droite qui le place là pour lui enlever des voix".

Pour Irène, 65 ans, qui a manifesté contre le pass sanitaire, Eric Zemmour "ça ne changera rien" car "il ne dépassera pas 10%".

Jordan Bardella, qui reprend la présidence par intérim du parti d'extrême droite, a invité les militants, encore sonnés par l'échec des régionales, à se "retrousser les manches" pour la présidentielle. Il débutera la semaine prochaine une tournée des fédérations.

Il a particulièrement attaqué le président Macron, "un homme de nulle part qui ne mène nulle part", et s'en est pris aussi à la socialiste Anne Hidalgo, qui "a transformé les quartiers de notre capitale en terrains vagues".

Sur TF1 Marine Le Pen a souhaité "redonner de l'oxygène" aux Français avec du pouvoir d'achat plutôt qu'augmenter les salaires --ce que propose pour certaines professions Anne Hidalgo qui était au même moment sur France 2--car cela ferait "peser une charge" sur les entreprises en difficulté.

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