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Marion Maréchal-Le Pen, une absente qui agite le Front national

Une intervention remarquée à Washington et une tribune dans la presse auront suffi à relancer les spéculations: quelques mois après s'être mise en retrait, Marion Maréchal-Le Pen, tout en se défendant de quelque retour, a provoqué une agitation certaine au Front national, encore convalescent de ses défaites de 2017.

A quinze jours d'un congrès du FN qui doit entériner la symbolique suppression de la présidence d'honneur de Jean-Marie Le Pen, et la réélection - sans adversaire- de Marine Le Pen, l'ex-députée du Vaucluse a mis un terme à sa diète médiatique.

Un hasard du calendrier ? "Pour faire connaître votre produit, il faut faire de la communication", concède l'un de ses proches.

Dans Valeurs actuelles, la petite-fille du cofondateur du FN a annoncé s'être "associée à la création d'une académie de sciences politiques" qui, selon elle, "ne sert aucun parti politique" mais représente tout de même "un projet politique", avec l'ambition d'"être le terreau dans lequel tous les courants de la droite pourront se retrouver et s'épanouir".

Un premier tour de table financier s'étant révélé insatisfaisant à l'automne, la candidate malheureuse à la présidence du Conseil régional de PACA en 2015 cherche depuis à organiser une levée de fonds.

C'est notamment dans ce but qu'elle est intervenue jeudi à la Conservative Political Action Conference (CPAC), rendez-vous annuel incontournable des conservateurs américains, où elle a pris la parole juste après le vice-président Mike Pence, en réclamant "l'Amérique d'abord pour le peuple américain", "la Grande-Bretagne d'abord pour le peuple britannique", "la France d'abord pour le peuple français".

La double carte postale de l'ex-étoile montante du parti a été reçue avec une certaine surprise, au Front national, où les cadres se sont efforcés de minimiser ce retour, avant de faire mine de s'en réjouir.

Le porte-parole du FN, Sébastien Chenu, a loué vendredi sur franceinfo l'"exceptionnelle complémentarité" entre la nièce et la tante, en reconnaissant à la jeune femme de 28 ans "cette fraîcheur, cette utilisation des nouveaux outils". "C'est assez exceptionnel qu'on ait ça dans un mouvement politique", a-t-il estimé.

Le député Gilbert Collard se "demande si elle n’essaie pas quelque part de revenir", en clamant sur LCI qu'il serait "ravi" d'une telle hypothèse.

Un proche de Marion Maréchal-Le Pen décrypte: "Je pense que les gens du FN se font peur tous seuls. Ils sont confrontés à leur propre faiblesse".

- "Calendrier judiciaire" -

Car la jeune femme jure exclure quelque prochain retour aux affaires du Front, et dit ne voir son proche avenir que dans la "métapolitique" à travers son projet d'académie pour former des étudiants au combat idéologique.

"Elle a été lassée de voir ce qui s'est passé à l'Assemblée nationale, où il n'y a pas de fond", résume un fidèle. Idem au parti, où sa popularité demeure intacte chez les militants. Sa tante, à force de "se méfier de ses propres troupes", l'aurait fatiguée des jeux d'appareil.

A l'heure où Marine Le Pen entend changer le nom du Front national et faire du lepénisme un marinisme, la petite-fille de Jean-Marie Le Pen n'ira d'ailleurs pas au congrès du FN, les 10 et 11 mars à Lille, assurent les proches de la jeune femme, alors que d'aucuns auraient souhaité qu'elle succède à sa tante à la tête du parti.

"Ç'aurait été la pire image pour elle: après la fille contre le père, la nièce contre la tante? Les militants et sympathisants ne l'auraient pas pardonné", balaie la garde rapprochée de l'ex-députée du Vaucluse. "Si Marine Le Pen s'était barrée et lui avait dit, +il faut que tu reviennes+, ç'aurait été un autre scénario..."

Pourrait-elle envisager une candidature en 2022 ? "Il faut voir comment évoluent le FN et LR", conditionne l'un de ses proches en évoquant, faussement candide, "un calendrier financier et judiciaire qui doit s'éclaircir", alors que le FN est en proie à des difficultés bancaires et mis en cause dans des affaires judiciaires.

"Marion Maréchal-Le Pen ne reviendra pas en politique avant un moment", résume le même. "Si tant est qu'elle revienne."

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